La campagne moissons-battages, dans la daïra de Chemora à l'instar des autres daïras de la wilaya, n'a pas répondu à l'attente des fellahs. La déception est de taille. Le rendement à l'hectare est nettement inférieur à celui de l'année dernière. Cette année, il n'aurait pas franchi les 8 q, selon les informations glanées ici et là. Les fellahs expliquent cette faible production par le manque de pluie, préjudiciable aux cultures du mois d'avril 2004 et au froid qui a sévi spécialement au moment de la germination, mais ils n'omettent pas de soulever le problème de l'absence d'exploitation des eaux du barrage de Koudiat Lemdouar (Timgad) pour l'irrigation de leurs terres. Mécontents, ces agriculteurs sollicitent les autorités de la wilaya afin qu'elle intervienne auprès de la direction de l'Agence nationale des barrages (ANB) pour les alimenter en eau d'irrigation lorsque les conditions climatiques ne sont pas favorables. Ils voient très mal l'utilité d'un barrage si ses eaux ne sont pas exploitées pour l'agriculture, essentiellement pendant les périodes de faible pluviosité. Une déception s'entend dans leurs interventions. « Si nos doléances avaient été écoutées et si les responsables chargés de la gestion des eaux du barrage avaient opéré des lâchers d'eau au moment opportun, la récolte aurait pu être sauvée », nous a confié un paysan. C'est une catastrophe ! c'est le mot qui revient sur les lèvres des fellahs pour évaluer la production des céréales. « Depuis qu'ils ont construit le barrage disposé en travers de l'Oued de Chemora qui irriguait autrefois les plaines de Chemora et de Boulhilet, renchérit F. A., fermier de la commune de Chemora, aucune goutte n'est parvenue à nos terres. » « Pourquoi ont-ils construit ce barrage ? Pour nous assécher ? », s'interroge un autre sur l'utilité du barrage. « Maintenant, le barrage est rempli d'eau. Qu'ils nous alimentent pour irriguer nos terres », réclament en chœur les fellahs. Leurs revendications deviennent insistantes et des sentiments de frustration sont ressentis. Contacté, le directeur du barrage de Koudiat Lemdouar dit être au courant du problème et rend compte : « Le problème a été soulevé lors d'une session ordinaire de l'APW de Batna. Je tiens à vous donner la présentation suivante : jusqu'ici nous n'avons effectué que des lâchers d'essai pour vérifier les mécanismes du barrage. Nous attendons l'arrivage d'un lot d'équipements. Pour le remplissage des cours d'eau, nous n'avons effectué jusqu'ici aucun lâcher d'eau destiné à l'irrigation des plaines de la daïra de Chemora. Maintenant pour les doléances des fellahs, elles devraient être adressées à la direction de l'hydraulique de la wilaya (DHW), qui devrait à son tour contacter notre direction (ANB) à Alger pour lui demander son aval (...) afin d'opérer des lâchers d'eau. A ce moment-là, le problème ne se posera pas et nous procéderons à l'alimentation des terres en eau d'irrigation. »A notre question : Est-ce que la disponibilité (en quantité) de l'eau ne se posera pas ?, le directeur du barrage nous dira : « Absolument pas ! » Il nous informe que la contenance du barrage se chiffre à 41 millions de mètres cubes, une quantité, selon ses dires, qui pourrait largement satisfaire aux besoins en eau d'irrigation. Il nous invitera ensuite à nous adresser au DHW de Batna parce que, toujours selon ses dires, le problème de l'irrigation se pose à ce niveau. C'est le chef du personnel qui nous reçoit. Ce dernier se défend : « On n'a rien à voir avec le barrage. La gestion et l'exploitation des eaux du barrage ne relèvent pas de nos prérogatives. Elle est uniquement du ressort de l'Agence nationale des barrages. »