La wilaya de Aïn Defla veut décidément rattraper le temps perdu et ouvrir une nouvelle page du développement local. Ayant souffert durant plus d'une décennie des affres d'un terrorisme qui a semé mort et désolation, cette wilaya semble plus déterminée à relever le défi. A vocation purement agricole, ce département a vu ses vastes champs désertés par une population terrorisée. Aujourd'hui, le mot d'ordre semble avoir été donné : « Il faut retrouver la verdure des champs de la localité. » Les séquelles d'une situation particulière sont encore visibles dans les divers hameaux et villages écumant les confins des grandes localités telles que Khemis Miliana et le chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla. En plus de l'exode rural qu'a connu la wilaya pendant les années 1990, le manque des ressources hydriques était également à l'origine de l'abandon de l'agriculture dans cette région. « Pourtant, elle pourra jouer un rôle très important pour l'économie du pays », nous a déclaré un responsable de la wilaya. Riche de ses cultures stratégiques et industrielles, la betterave sucrière, la tomate et la pomme de terre... la wilaya de Aïn Defla pourra jouer un rôle pivot dans l'alimentation en produits agricoles de tout le territoire national. En effet, dans la production de pomme de terre, Aïn Defla occupe 30% de la production nationale. « Elle a des capacités de couvrir les besoins du pays en la matière », a enchaîné le même responsable. Les problèmes d'eau semblent actuellement réglés. La wilaya vient d'acquérir un nouveau barrage d'une capacité de 75 millions de mètres cubes. Ce barrage, le cinquième dans la wilaya, a été réceptionné, avant-hier, par le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, lors de sa virée dans ladite wilaya. Il s'agit du barrage Sidi M'hamed Bentaïba réalisé dans la région d'Arib, au nord-est de la wilaya. Le ministre a procédé, par la même occasion, à la mise en eau de ce barrage qui devra être opérationnel au début du mois de janvier 2006. « Il n'y a aucun pays au monde qui a pu réceptionner cinq barrages en une seule année. Nous l'avons fait. Le barrage de Sidi M'hamed Bentaïba a un impact considérable sur l'agriculture dans cette région », a déclaré Abdelmalek Sellal. Destiné à l'irrigation de la plaine El Amra-Abadia (8450 hectares), ce barrage sera alimenté à partir de oued El Had et oued Ferhat. En cas d'une bonne pluviométrie, indiquera un technicien, ce barrage pourra être régularisable deux fois par an. La plaine El Amra-Abadia, auparavant irriguée à partir du barrage de Ouled Melouk (127 millions de mètres cubes), situé dans la région de Zedine (sud-ouest de la wilaya), ne sera plus confrontée au manque d'eau, d'autant plus que le réseau d'irrigation a été rénové sur 15 kilomètres. Le barrage contribuera également à résoudre les problèmes d'eau potable dont souffrent les régions de Khemis Miliana, Sidi Lakhdar, Arib, M'khatria et Aïn Defla. Le ministre des Ressources en eau a également inauguré, lors de cette visite, un petit barrage dans la région d'El Abadia. Cet ouvrage, d'une capacité de 2 millions de mètres cubes, servira à l'irrigation de quelque 300 hectares. Cet ouvrage fait partie d'un programme de cinq petits barrages, dont quatre sont encore en cours de réalisation. Une fois réalisés, ces derniers renforceront le secteur de l'hydraulique dans la wilaya, qui dispose déjà de 6 ouvrages d'une capacité globale de plus de 700 millions de mètres cubes. Plusieurs autres projets en cours d'exécution ont été inspectés par le ministre, dont le projet de réalisation d'une station d'épuration des eaux usées de la ville de Aïn Defla, le projet d'aménagement hydraulique du périmètre du haut Chellif ainsi que la station de refoulement de Oued Messine. Abdelmalek Sellal a, tout en insistant sur le respect des délais de réalisation des projets, encouragé les autorités locales à fournir plus d'efforts afin de bénéficier de nouveaux projets. Il a annoncé, dans la foulée, que s'il y aura du sérieux, la wilaya bénéficiera de 300 petits barrages. Des barrages exploités par les associations des agriculteurs. L'agriculture, le chômage et la salinité des eaux Que ce soit à Khemis Miliana, la plus importante localité de la wilaya, ou dans d'autres bourgades de la wilaya, l'activité principale de la population locale est l'agriculture. C'est pour relancer cette activité que 70% des eaux des infrastructures réalisées jusque-là sont destinés à l'irrigation et à l'élevage bovin. Ces activités peuvent créer des milliers de postes d'emploi direct. « L'agriculture est le seul moyen de vivre pour les citoyens de la région. Il n'y a pas d'autres lieux de travail à part la terre », nous a affirmé un responsable local. Mais il n'y a pas que l'eau pour faire de l'agriculture. Ici, comme nous l'avons constaté, notamment dans la région du Nord-Est, les résidants des hameaux et des petits villages souffrent de problèmes de transport et du manque d'infrastructures routières adéquates. Pour ce rendre, par exemple, dans la région d'Arib (nord-est de Aïn Defla), il faut arpenter une longue piste tortueuse. L'autre problème exposé par les autorités locales au ministre des Ressources en eau est celui lié à la salinité des eaux souterraines de la région d'El Ataf. Afin de remédier à cette situation, le ministre leur a proposé une solution. « Il faut pomper l'eau du barrage de Oued Melouk », leur a-t-il lancé.