Les voies de migration des oiseaux sont le lieu de périples incessants dont on n'a pas percé tous les mystères. Les observations et les bagages d'oiseaux, qui ont pu être effectués depuis plusieurs siècles, ont permis d'identifier les itinéraires les plus fréquemment et massivement empruntés par les différentes espèces d'oiseaux. On a pu constater encore que ces routes vont généralement du nord au sud de la planète, comme on a pu aussi observer que ces parcours sont groupés dans des ensembles indépendants répartis à la surface de la planète et que l'on nomme « domaine ornithologique ». Les observations ornithologiques sont rares, pour ne pas dire inexistantes dans notre pays. Toutefois, les travaux qui ont été menés depuis le XIXe siècle ont montré avec certitude que notre pays est situé sur les voies de migration du domaine du paléarctique occidental. Les migrateurs qui séjournent en Algérie vont et viennent entre le centre et le nord de l'Europe jusqu'aux confins de la Sibérie occidentale et le centre de l'Afrique, notamment les lacs et les mers intérieurs, l'ouest, et à un moindre degré le sud de ce continent. Des migrations de moindre importance se font également d'est en ouest entre le Proche et le Moyen-Orient et les zones côtières de l'Afrique du Nord. Il n'y avait aucun danger de propagation par les migrateurs vers l'Algérie tant que les foyers étaient localisés dans le domaine ornithologique de l'Eurasie-Océanic. La découverte de foyers à l'ouest de l'Oural, dans le Kazakhstan, et depuis quelques jours en Roumanie (trois canards infectés), et en Turquie où on dit avoir été contraints d'abattre 2000 volailles change quelque peu les données du problème quoiqu'il faille rester prudents quant à ce type d'informations. Il pourrait y avoir des oiseaux venant d'Europe orientale en contact avec des groupes d'Europe du Nord qui hivernent en Afrique. En Algérie, les plus grandes concentrations d'oiseaux d'eau migrateurs se trouvent dans la région d'El Kala, qui a pu accueillir jusqu'à 500 000 oiseaux d'eau certaines années. On sait que le plus gros des troupes vient d'Europe du Nord-Ouest en traversant la Méditerranée ou par le détroit de Gibraltar..., d'autres zones d'hivernage existant aussi sur les Hauts Plateaux et dans les zones humides autour d'Oran. Si effectivement propagation par les oiseaux migrateurs il y a, ce sera à leur retour chez nous à la fin de l'automne pour l'hivernage. Cependant, si on reste dans l'hypothèse que les oiseaux migrateurs propagent le virus H5N1, il faut garder à l'esprit que les mers et lacs intérieurs de l'Afrique centrale sont des zones humides où se retrouvent les oiseaux venant du nord-ouest de l'Europe, des confins de l'Europe centrale, du Proche et du Moyen-Orient. Mais avec cela, « le risque de contamination est quasiment nul, nous dit le docteur vétérinaire, Mohamed Souissi, enseignant-chercheur au centre universitaire d'El Tarf. Les oiseaux sauvages ne sont que des porteurs sains et il faut qu'ils soient eux-mêmes malades, ce qui est déjà exceptionnel parce qu'ils sont naturellement immunisés, et qu'ensuite, ils aient trouvé l'énergie pour entreprendre la migration et qu'enfin, ils rencontrent des oiseaux domestiques pour les contaminer. » Les zones humides d'El Kala, exception faite pour le lac des oiseaux (40 ha) comptent dans leur proximité immédiate peu d'élevages de volaille à forte concentration. On sait maintenant avec certitude que les causes du maintien et de la dissémination du virus de la grippe aviaire en Asie, ce sont les conditions sanitaires déplorables dans les élevages de volaille, de canard et de poulet, et l'existence d'un trafic incontrôlé d'oiseaux domestiques et sauvages. Sur le continent asiatique, les foyers d'infections persistent là où des oiseaux migrateurs se déplacent, où la promiscuité règne dans les exploitations agricoles et où les mesures de contrôle du virus sont notoirement insuffisantes. Les terrain est différent chez nous et il suffit de s'éloigner de telles pratiques pour se mettre à l'abri des contaminations. Quant à l'idée, qui a ses défenseurs, de vouloir exterminer les oiseaux migrateurs pour empêcher une hypothétique dissémination du virus, elle est totalement ridicule. « Il faudrait une DCA autour de chaque poulailler », a déclaré Jean-Thierry Aubin, adjoint au Centre national de référence de la grippe à l'Institut Pasteur.