Considéré comme le représentant le plus éminent du théâtre dramatique anglais de la seconde moitié du XXe siècle et fervent opposant de la guerre en Irak, Harold Pinter est âgé de 75 ans. Ce dernier est un auteur « qui dans ses drames découvre l'abîme sous les bavardages et se force un passage dans la pièce close de l'oppression », a justifié l'académie dans sa motivation. Le lauréat est l'auteur d'une trentaine de pièces théâtrales radiophoniques ainsi que des scénarios de cinéma. A l'annonce de sa distinction, le dramaturge s'est dit ravi de son prix, tout en s'interrogeant si cette récompense littéraire venait couronner son engagement politique. « J'écris ces pièces depuis environ cinquante ans et je suis aussi politiquement assez engagé. Je ne suis pas sûr du tout dans quelle mesure ce fait a quoi que ce soit à voir avec le prix », a affirmé le lauréat. Harold Pinter est né en 1930 dans le faubourg londonien de Hackney d'un père juif tailleur pour femmes. Il a entamé dans un premier temps une carrière d'acteur, mais son penchant va vers l'écriture. En 1957, il écrit sa première pièce The Birthday (l'anniversaire). Une pièce qui sera jouée avec le temps plusieurs fois. Incontestablement, sa consécration vient en 1959 avec la sa pièce intitulée The Caretaker (le gardien). Son nom est également associé, en 1981, au scénario du film The French Lieutenants woman adapté du roman de John Fowles. Selon l'académie suédoise, le lauréat est un écrivain « classique moderne » qui a donné naissance à l'adjectif « pinteresque » qui décrit l'atmosphère de ses pièces. « Un autre thème principal est le caractère fugace et insaisissable du passé. » Harold Pinter est connu pour ses critiques acerbes envers le président américain Ronald Reagan et la Premier ministre britannique Margaret Thatcher dans dans les années 1980. Ces dernières années, il s'en est pris à George W. Bush et à Tony Blair. Prolifique en écriture, la lauréat a publié en 2003 War, un recueil de poèmes contre la guerre en Irak menée par la coalition américano-britannique. Il a également exprimé sa colère contre l'engagement de l'ONU au Kosovo en 1999 ainsi que l'invasion américaine de l'Afghanistan en 2001. Un porte-parole du mouvement pacifiste Stop The War, Andrew Burgin, a estimé que ce prix est bien mérité. « Il est une légende vivante et nous l'avons accueilli sur notre podium à plusieurs reprises ». Il est à noter, par ailleurs, que ce prix, on le doit à un industriel et scientifique suédois, Alfred Nobel (1833-1896), qui a décidé de mettre sa fortune au service de la science, de la littérature et de la paix. Dans son testament, il indique que ses actifs devront être utilisés pour récompenser, chaque année, la personne qui a conféré à l'humanité le bienfait le plus important dans cinq disciplines : la physique, la chimie, la médecine ou la physiologie, la littérature et la paix. Les cinq premiers prix Nobel ont été décernés en 1901. L'attribution des prix se fait début octobre. La remise du prix aura lieu le 10 décembre prochain à Stockholm et Oslo, coïncidant avec le jour de l'anniversaire de la mort du savant suédois, Alfred Nobel, à San Remo, en Italie.