Le quotidien saoudien basé à Londres, Asharq Al Awsat, a publié hier le compte rendu d'une rencontre entre son correspondant à Alger et Hassan Hattab, présenté comme « fondateur » du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Première du genre, la rencontre a eu lieu, selon le journaliste, « dans une maison discrète » à 100 kilomètres à l'est d'Alger, située dans son fief opérationnel. Hattab, 38 ans, selon la photo publiée par le quotidien, s'est présenté en tenue afghane, turban et chèche kaki, assis à califourchon devant un ordinateur portable qu'il dit ne jamais quitter, kalachnikov appuyée sur un mur derrière lui : dans la pure iconographie d'Al Qaîda de Ben Laden. Hattab, ancien parachutiste à Biskra, ex-mécanicien d'ambulance à Rouiba, a déclaré au journaliste qu'il était prêt à renoncer à l'action armée avec certains de ses « compagnons » si l'Etat satisfait des revendications. Il s'agirait, d'après ses dires, d'enlever la qualification de « terroristes » aux éléments du GSPC, de libérer Ali Benhadj et de réactiver l'ex-FIS. Hassan Hattab a affirmé que « la plupart des éléments du GSPC veulent intégrer la dynamique provoquée par le projet de la réconciliation » ajoutant qu'« il fallait travailler ensemble » pour « faire descendre » ces éléments. L'ancien émir, qui aurait « démissionné » de la direction de la Djamaâ salafia en 2003 selon la bio-express présentée par Asharq Al Awsat, coordonnerait actuellement ses « efforts » avec les services de sécurité pour « convaincre des éléments armés de déposer les armes et d'adhérer au processus de paix et de réconciliation ainsi que de rompre avec le noyau du GSPC ». Il dit avoir appelé ses « frères » à déposer les armes en restant positionnés dans le maquis et à toujours réclamer les revendications citées plus haut. « J'ai lâché le commandement (du GSPC) en septembre 2003, ce fut de ma propre volonté et je n'ai pas été forcé à franchir ce pas qui est motivé par le discours sur la réconciliation, un discours qui ouvre, à mon avis, une nouvelle ère », a indiqué Hattab. D'après l'ancien chef du GSPC, son option serait motivée par la conjonction « des appels des oulémas à la fraternité et au dépôt des armes, des changements intervenus dans la politique intérieure du pays et de l'insistance de plus en plus grande du peuple sur le recouvrement de la paix ». Hattab a nié que le GSPC a un quelconque lien avec le réseau Al Qaîda depuis la création de la Djamâa en 1998 jusqu'à sa « démission ». L'encouragement donné par le GSPC aux assassins, qui se réclamaient d'Al Qaîda, des deux diplomates algériens Belkadi et Belaroussi, n'est pas mentionné. Hattab a refusé de préciser le nombre des éléments encore actifs au sein du GSPC ni l'état interne de l'organisation qui serait actuellement sous la coupe d'Abdelmalek Droukdel. « J'ai des choses importantes à faire, chaque mot de moi a un poids considérable », a conclu Hassan Hattab au journaliste d'Asharq Al Awsat.