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Hassan Hattab dépose les armes
UNE DES PLUS BELLES REUSSITES DE LA RECONCILIATION
Publié dans L'Expression le 03 - 09 - 2006

Le «Monsieur Hattab» lancé par Bouteflika à l'endroit du chef du Gspc a fait jaser le clan des éradicateurs qui avaient, par journaux interposés, taillé le président en pièces, l'accusant de faire le jeu des terroristes.
Hassan Hattab est bel et bien vivant, bien portant même, quoique à l'écart de ses troupes. Il nous a fallu du temps pour vérifier la véracité de cette information, mais aujourd'hui, il est juste d'affirmer, sur la base de nouvelles donnes, vérifiées et recoupées, que l'ancien chef de guerre de la plus importante et la mieux structurée des organisations terroristes en Algérie vit dans la proche périphérie de Tizi Ouzou, qu'il bénéficie de protection spéciale et peut être «exposé» comme une des plus belles réussites de la réconciliation initiée par le président de la République qui l'avait, le premier, incité à déposer les armes et à saisir l'offre de paix qu'il lui tendait. On peut même supposer qu'il pourrait éventuellement être mis à profit par le président pour des actions de négociateur vis-à-vis de ses anciennes troupes afin de rallier le maximum d'hommes à la trêve, bien que ce genre d'actions est, pour lui, hautement périlleux.
Entouré de certains de ses plus proches lieutenants, qui lui sont restés fidèles et qui ont adopté la même démarche de paix que lui, il bénéficie d'une relative liberté de mouvement et de contacts dont se charge son émissaire M.F., aux fins de prendre langue avec des leaders islamistes en liberté. Agé de 39 ans, c'est pratiquement un des plus anciens chefs islamistes insurgés, avec quelque quatorze années passés dans les maquis, un record absolu quand on sait que la moyenne d'âge dans les maquis se situe entre 25 et 30 ans, et celle d'un émir à la tête de son organisation entre douze et dix-huit mois. Le «Monsieur Hattab» lancé par Bouteflika, à l'endroit du chef du Gspc, a fait jaser le clan des éradicateurs, qui avaient, par journaux interposés, taillé le président en pièces, l'accusant de faire le jeu des terroristes. Mais aujourd'hui, le fait est là : le petit mot lancé par le président Bouteflika a fait son chemin, et Hassan Hattab qui compte parmi les plus anciens chefs islamistes qui avaient pris les armes dès le début 1992, ne fait plus partie des groupes terroristes.
Evidemment, les dernières critiques émises par Hattab à l'endroit de la Charte pour la paix ont dérouté plus d'un. Mais il est tout à fait compréhensible de voir un ancien chef de guerre se donner un minimum de crédibilité en critiquant les lacunes de la réconciliation. S'il veut encore rester un tant soit peu crédible vis-à-vis de ses anciens compagnons, le minimum est de ne pas donner l'illusion d'être devenu un pantin désarticulé aux mains des autorités. D'autant plus que la direction actuelle du Gspc, dominée par les ultras, l'avait coup sur coup, condamné d'abord à la prison, s'il tombait entre les mains de l'organisation, puis condamné à mort.
Aujourd'hui, la situation veut qu'il doit se montrer crédible et jouissant, encore, d'une certaine autonomie bien qu'il soit en trêve, afin de peser sur ses anciens compagnons. Pour cela, et recherchant une couverture politique à son action militaire, il a contacté récemment coup sur coup, Ali Benhadj et Abdelhaq Layada, qui sont considérés par tous les groupes armés comme les deux chefs islamistes les plus crédibles. Son émissaire, M.F., est venu longuement discuter avec l'ancien tribun de la mouvance islamiste, qui lui a fait entendre que puisqu'il a déjà fait une bonne partie du chemin seul, et qu'il a contracté des engagements avec les plus hautes autorités, autant terminer et savoir mener seul la négociation et en assumer les conséquences.
Histoire d'une méprise
Il y a quelque vingt-sept mois, on écrivait: «Je l'ai vu de mes propres yeux mort, inanimé dans une mare de sang, tué de plusieurs balles tirées à bout portant dans la tête et le thorax. Cela s'est passé à la fin de l'été dernier dans les maquis de la Kabylie à la suite d'une prise des commandes par les ultras du Gspc, principalement le groupe de l'Est, appuyé par des anciens chefs, tels Ammari Saïfi, Nabil Sahraoui et Abbi Abdelaziz. Les appuis de la Kabylie, tels Saâdaoui Abdelhamid dit Abou El Haïtham, ont été mis en minorité et isolés, et il y a fort à craindre que l'équipe de Nabil Sahraoui, au vu de ses tendances takfiries, ne verse dans les tueries du style GIA.»
L'information brute valait ce qu'elle valait et nous attendions qu'elle soit éclairée d'un jour nouveau. Les derniers communiqués du Gspc, signés à l'époque par Nabil Sahraoui, pour le Nord, et Amari Saïfi, pour le Sud (prenant ainsi l'espace privilégié de Mokhtar Belmokhtar), renseignaient sur l'exclusion de Hattab, mais faisaient l'impasse sur tout ce qui concernait l'émir destitué.
Notre source ajoutait que, après cette information sur la liquidation physique du chef du Gspc par ses pairs, qui représentent, en fait, l'aile radicale et jusqu'au-boutiste de l'organisation, les maquis de la Kabylie n'ont pas tous «marché» derrière la nouvelle direction. De son vivant, Hattab y a placé ses principaux hommes de confiance et certains de ses parents par alliance, lesquels aujourd'hui «continuent à fonctionner, au niveau local, notamment au nord de Tizi Ouzou et à l'est de Boumerdès, comme si rien n'a changé, de telle sorte que, aujourd'hui, les troupes semblent fonctionner avec une direction éclatée». Dans son édition du 10 mai 2004, le quotidien arabophone Es-Sabah al-Jedid (disparu depuis lors) faisait état lui aussi, de la mort de Hattab, «qui aurait été liquidé par une faction composée de radicaux du Gspc».
Cet article, publié le 11 mai 2004 par L'Expression, reprenait une information qui m'avait été donnée par un repenti du Gspc, et que j'avais gardée longtemps avant de la publier. N'étant ni un sous-traitant de l'information ni un palefrenier du sécuritaire, je donnais, après quelques hésitations, le récit brut qui m'avait été fait.
Deux semaines plus tard, je reçois à la rédaction du journal ce communiqué menaçant: «Le quotidien francophone L'Expression prétend qu'un repenti a affirmé que le frère Hassan Hattab a fait l'objet d'une liquidation physique de la part de ses adversaires du Groupe salafiste (...) alors qu'un autre quotidien parle d'une mise à mort du frère Hattab par la main d'Abou Ibrahim Mustapha, appuyé d'Abou Houmam Okacha, le conseiller militaire du Gspc et Abou El Haythem Yahia, émir de la zone II (...), à toutes ces allégations, le Gspc tient à apporter un démenti formel et confirme que notre frère Hassan Hattab est vivant et se porte bien et que toutes les informations ayant trait à sa mort sont dénuées de tout fondement.»
Le communiqué n°04/25 et daté du 23 mai 2004 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat démentait l'information rapportée par notre quotidien L'Expression dans sa livraison n°1045 du 11 mai 2004, et qui donnait, en page 3, la mort de Hattab, après un coup de force perpétré par des émirs de zones du Gspc. Dans le même communiqué, signé par le nouvel émir du Gspc, Abou Ibrahim Mustapha (Nabil Sahraoui, qui devait tomber dans une embuscade militaire sur les hauteurs d'El Kseur vingt jours plus tard), affirme que Hattab n'a été accusé ni de trahison ni d'apostasie et que son éviction n'est en fait qu'une «démission» de sa part.
Cette «mise au point» de la part de l'émir du Gspc, Nabil Sahraoui, m'avait été adressée premièrement à titre personnel, avant d'être diffusée sur leurs deux sites Internet. Bien sûr, par souci de correction, j'ai repris l'information et je l'ai traitée comme elle devait l'être, et j'ai remis en cause la première information qui m'avait été donnée, sous le titre de «Imbroglio autour de la mort de Hattab: intox ou info?», et l'article a été publié le 24 mai, soit deux jours après réception du communiqué.
Depuis lors, j'ai continué à écrire soit de «disparition» soit d'«élimination», car ce n'était pas Hattab qu'on pouvait laisser en position de démissionnaire en train de vaquer dans les maquis comme une bonne femme: il s'agit ici du fondateur, du chef de guerre et la figure emblématique de l'organisation sans lequel il n'est point de Gspc. Il s'agit aussi de l'auteur du seul opuscule de guerre du Gspc, et qui s'intitule «l'Art de la guerre» (founoun al-kital), très répandu dans les maquis islamistes.
Hassan Hattab avait, par trois fois, rejeté toute concession et refusé tout dialogue avec les autorités. Les fameux «trois non» («ni dialogue, ni trêve, ni réconciliation avec les apostats») ont toujours émaillé ses communiqués. Dans un communiqué, diffusé au début de 2002, il apporte un démenti à l'information donnée par L'Expression et reprise par Médi-1 et qui faisait état d'une négociation secrète entre le Gspc et les autorités pour aboutir à une trêve. En fait, Hassan Hattab a toujours souhaité une négociation à ses conditions, qui le placerait en pole position et permettrait à ses hommes de quitter les maquis la tête haute. En 1999, une médiation menée par Hachemi Sahnouni dans les maquis kabyles avait failli aboutir. En dernière minute, de son plein gré ou sous la pression des ultras, il se rétracte et affirme «ne pas faire confiance aux autorités». «Ceux qui sont descendus avant moi ont été pour certains, malmenés ou remis en prison, pour d'autres», a-t-il fait entendre à certains leaders de l'ex-Fis, dont Hachemi Sahnouni. Entre-temps, et suite à un large débat entre intellectuels du Gspc et des exégètes orientaux, saoudiens notamment, c'est toute la Katibat el Ghoraba d'Ahmed Jabri, stationnée à Lakhdaria, qui quitte les maquis et met fin aux hostilités. Hattab était bien au courant de cette trêve mais avait laissé faire. C'était par rapport à tout cela que lorsque l'information sur sa mort m'avait été donnée, j'y ai vu une punition de la part de ses lieutenants hostiles à tout compromis avec les autorités.
«Parcours du combattant»
Hassan Hattab est né le 14 janvier 1967 à Rouiba, à une quinzaine de kilomètres à l'est d'Alger. Adepte des arts martiaux, il fait beaucoup de sport mais échoue au Bac. Il effectue son service national à l'école des troupes aéroportées de Biskra. C'est là qu'ils se lie avec Amari Saïfi et Abbi Abdelaziz, qui deviendront ses deux lieutenants et auront comme nom de guerre «Abderezak El Para» et «Okacha El Para».
Il quitte l'armée en 1989 et subit de plein fouet la poussée de fièvre islamiste. Mécanicien à l'hôpital de Rouiba, il adhère au FIS et prend le maquis au milieu de l'année 1992. Il n'adhère au GIA qu'en 1994, mais formera, sous le commandement de Mahieddine Ourith, un groupe quasi autonome qui devient vite un des trois groupes les plus actifs de l'Algérois, après celui de Mohamed Allel et celui de Miliani Mansouri. Lors de la réunion de réunification de Chréa, le 13 mai 1994, il se met sous les ordres de Gousmi, désormais émir de tous les groupes armés, devient le chef de la zone 2 et dirige les maquis kabyles. En fin 1994, il est promu au rang de membre permanent du majliss échouri du GIA et Djamel Zitouni le dote de larges prérogatives. A partir de 1996, il commence à prendre ses distances du GIA et deux ans plus tard, en septembre 1998 après avoir structuré son groupe, le Gspc, il fait scission avec Antar Zouabri et annonce, dans un communiqué datant du 18 septembre 1998, la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat. Autoproclamé champion du salafisme, il dote le Gspc d'un règlement intérieur d'une extrême rigueur et mène lui-même un nouveau genre de combat: les attentats ciblés. Il tente de séduire la Kabylie en prenant garde de ne toucher à ses citoyens. Sa «stratégie des symbioses» est d'autant plus efficace que la région vit de profonds troubles politiques et sociaux qui limitent le champ d'action des services de sécurité. Prenant pied dans les forêts denses de Mizrana, Boumehni, Sidi Ali Bounab et Takhoukht, les cols et le massif montagneux du Djurdjura, le Gspc s'enracine dans la région, étend ses troupes à l'est de Boumerdès et à tout l'est du pays.. Fort de 380 hommes, selon un rapport des services spéciaux, il suit avec intérêt la «neutralisation» des services de sécurité dans la région: «cantonnement» des militaires, «délocalisation» de la Gendarmerie nationale et l'articulation de la police autour des grands axes urbains, des édifices publics et son occupation quasi permanente à disperser les émeutiers, très actifs dans la région depuis le début des troubles de la Kabylie en avril-mai 2001. Les embuscades contre les détachements militaires permettent au Gspc de se doter d'armes de guerre lourdes, en plus des arsenaux de guerre acheminés vers les maquis du centre et de l'est du pays, par MBM, depuis le Mali, le Niger et le Tchad où prospère le commerce d'armes. Hattab ne s'encombre pas de littérature. C'est un guerrier et entend le rester: il écrit son Art de la guerre, qu'il distribue à toutes les katibates, et se donne l'allure d'un chef de guerre. Rusé et fin stratège, s'appuyant sur l'expérience d'anciens parachutistes déserteurs ou révoqués, d' artificiers, sur l'argent et sur une efficace «stratégie de symbiose», il a pu ancrer son groupe dans le centre, l'est et le sud du pays. Les ralliements dont il a bénéficié à l'Ouest, font du Gspc, aujourd'hui, la plus redoutable machine de guerre encore en fonctionnement. Les problèmes qui se posent actuellement au Gspc, avec notamment la remise en cause de l'émir Abdelmalek Deroukdel par ses pairs, qui se sont réunis récemment dans les maquis de Tébessa pour débattre plusieurs points, dont la crise de confiance qui ronge les postes de commandement, peuvent laisser libre cours à Hattab de lancer des appels à ses anciennes troupes.


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