La coordination de cinq syndicats des entreprises portuaires a annoncé hier le gel du mouvement de protestation prévu aujourd'hui à l'échelle nationale. Cette décision a été prise à la demande du secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, à la suite d'une réunion vendredi dernier avec les représentants de la coordination représentant les syndicats de la Cnan, de l'ENTMV, des Douanes, du port et de Nashco. Dans une lettre adressée aux membres de cette instance créée au mois de juillet dernier, Sidi Saïd s'est engagé à « prendre en charge l'ensemble des problèmes exposés au cours de la réunion », mais en contrepartie de « la suspension » de la journée de protestation. Les syndicalistes ont préféré, quant à eux, parler de gel, plutôt que de suspension, arguant du fait que rien ne les « empêche de revenir au terrain de la contestation après le délais que nous avons instauré pour la concrétisation de la plateforme de revendications socioprofessionnelles du 19 septembre 2005. Le plus important pour nous est que la coordination soit reconnue en tant qu'instance représentative », a déclaré Youcef Chemali, porte-parole de la coordination, lors de l'assemblée générale tenue hier à Alger. A cette rencontre se sont joints d'autres syndicats, notamment celui de la BEA, de la BNA et de l'EDIED. M. Chemali a profité de cette occasion pour exprimer la solidarité de la coordination aux travailleurs de Pepsi-Cola, actuellement en grève. « Nous avons clairement expliqué que nous refusons totalement la politique de privatisation engagée par le gouvernement. L'une de nos principales revendications est de prendre en compte l'avis du partenaire social dans toutes les actions qui engagent l'entreprise... » Interrogé sur la crédibilité des promesses du patron de la centrale syndicale, M. Chemali s'est montré très optimiste. « Sidi Saïd nous a habitués au respect des promesses. Il n'a jamais failli », a-t-il répondu en donnant la parole aux syndicalistes. Un représentant des travailleurs de la BEA a sévèrement critiqué « le climat malsain » qui règne dans cette institution financière qui compte, selon lui, 4 400 employés, parmi lesquels 3600, a t-il ajouté, ont signé une motion de retrait de confiance à l'actuel secrétaire général. « Malgré cela, le secrétaire national chargé de l'organique l'a maintenu à son poste. Le maintien de ce responsable au niveau du bureau national est un danger pour le syndicat d'autant qu'il occupe un poste important dans un parti dont le secrétaire général est le chef du gouvernement qui veut appliquer le plan de privatisation... », a lancé sur un ton coléreux le syndicaliste. Les mêmes propos sont tenus par son collègue de la BNA, mais aussi du syndicat des travailleurs du port. « S'il menait à bien sa mission au sein de l'Union de wilaya nous n'aurions pas opté pour une coordination. A ce jour, il refuse de nous délivrer les cartes d'adhésion. Il s'est déconnecté du syndicat pour faire de la politique. Nous rejetons catégoriquement la politique de privatisation des ports. Est-ce qu'il est normal que nos ports, c'est-à-dire y compris nos frontières, avec leurs 1400 travailleurs, soient cédés à des privés ? Nous ne l'acceptons pas même s'il faut en payer le prix. » Reprenant la parole, M. Chemali a longuement parlé de la situation socioprofessionnelle des travailleurs en citant l'exemple des douaniers qui, selon lui, exercent dans des conditions très difficiles. « Faites un tour dans les bureaux des brigades douanières et vous ferez de vous-même le constat amer dans lequel travaillent les douaniers. Leur directeur général n'a rien fait depuis son arrivée à la tête de l'institution. Nous sommes également solidaires avec les travailleurs de la Cnan, dont l'entreprise semble être sur le chemin de la privatisation alors que le staff de son encadrement est actuellement en prison... », a lancé M. Chemali. Ce dernier a affirmé que la durée du délai accordé à la centrale syndicale pour prendre en charge la plateforme de revendications sera définie lors d'une réunion regroupant tous les représentants des syndicats faisant partie de la coordination.