Ahmed Badaoui, secrétaire général du Syndicat des douanes (SND), a été suspendu, dimanche dernier, par le secrétariat national de l'UGTA. Non prévu à l'ordre du jour de la réunion initialement consacrée aux dossiers sociaux, l'examen du cas de Ahmed Badaoui a pris de longues heures avant de se terminer par un consensus autour de la suspension. Le premier responsable de l'organisation a refusé de commenter cette décision arguant du fait qu'il n'est comptable que devant la commission exécutive nationale. Ahmed Badaoui n'a, quant à lui, pas été surpris. « Cette décision est strictement politique. Le secrétaire général n'est pas habilité à prendre ce genre de décision. C'est à la base de me suspendre. Ils m'ont demandé d'autodissoudre la coordination en contrepartie de la levée de la mesure de suspension décidée par l'administration douanière. Comment pourrais-je dissoudre une structure qui appartient à plusieurs syndicats ? Ce n'est qu'un avant-goût de ce qui va se passer dans les jours à venir. Il y a une grave menace sur les libertés syndicales », a déclaré M. Badaoui. Une menace clairement exprimée à travers les actions en justice engagées par les pouvoirs publics contre la coordination des syndicats de l'éducation nationale pour saborder leur mouvement de grève, mais également pour intimider les représentants des travailleurs et étouffer toute contestation syndicale. Le message a été bien compris par les membres de la coordination des syndicats des entreprises portuaires, réunis en urgence hier au foyer des dockers d'Alger. De nombreux syndicalistes ont appelé à la création d'une nouvelle organisation qui fédérerait tous les syndicats. « L'UGTA n'arrive plus à couper le cordon ombilical qui la relie aux pouvoirs publics. Il faut aller vers un syndicat autonome qui fédérera les autres syndicats d'entreprise... », a déclaré un syndicaliste du port d'Alger. Son camarade a abondé dans le même sens en appelant l'assistance à réfléchir à des actions de protestation urgentes à mener pour protester contre toutes ces violations. « Il est important de passer à l'action parce qu'il y va du devenir des libertés syndicales. Les pouvoirs publics sont tous contre l'idée du renouveau de l'UGTA. Ils sont prêts à casser toutes les initiatives entreprises dans ce sens. L'UGTA est arrivée à sa fin. Nous ne pouvons plus faire confiance à une organisation qui sacrifie un syndicaliste au moment où il est suspendu par son employeur pour avoir exercé son droit syndical. » D'autres syndicalistes ont fustigé le secrétaire général de l'UGTA, qui, selon eux, porte l'entière responsabilité de la décision de suspension. Ils ont été nombreux à accepter le principe de la création d'une confédération de syndicats en dehors des structures de l'UGTA. Les syndicalistes se sont mis d'accord pour se regrouper aujourd'hui à la centrale syndicale. Il est question d'exiger des explications de Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général, lors de sa réunion avec la coordination des ports pour discuter du problème de la privatisation des activités des entreprises portuaires.