La coordination des entreprises portuaires, constituée des syndicats des Douanes, transport maritime, dockers, Cnan, Nashco, et élargie récemment à d'autres syndicats d'entreprises des secteurs des finances et de la santé, a appelé hier à une grève générale pour le 5 décembre prochain et à un rassemblement devant la centrale syndicale, pour exiger le départ du chargé de l'organique de l'UGTA. L'arrêt de travail touchera les secteurs des finances, des ports, du transport maritime et des douanes. Lors de leur réunion tenue hier à Alger, les syndicalistes ont été unanimes à opter pour une grève générale. Les responsables des syndicats membres de cette coordination ont convenu de se rencontrer samedi prochain pour mettre au point les dernières retouches. Lors du débat, le secrétaire général du Syndicat national des Douanes (SND), Ahmed Badaoui, a annoncé que d'autres syndicats se sont joints au mouvement de protestation de la coordination, notamment des syndicats dits autonomes et ceux du secteur de la santé de Batna et de Constantine, et ce, juste après la réunion du conseil national du SND, au cours de laquelle les douaniers ont appelé à une grève générale. Ces décisions sont le fruit de plusieurs réunions et débats autour de la situation socioprofessionnelle des travailleurs, mais également autour de la gestion de leur organisation par le chargé de l'organique, qualifiée « de catastrophique et d'impérialiste ». C'est la politique de ce responsable qui a mené l'UGTA à ce qu'elle est aujourd'hui. Une organisation affaiblie et discréditée », a déclaré Ahmed Badaoui. Ce dernier a proposé à l'assistance de revoir l'appellation de la coordination en proposant, à sa place, « l'Alliance nationale syndicale », vu « son élargissement » à d'autres syndicats d'entreprises qui se sont reconnus dans la plate-forme de revendications, rendue publique au mois de septembre dernier. A propos de la nécessité d'une réforme de l'UGTA et l'appel à une confédération des syndicats d'entreprises, Ahmed Badaoui a tenu à expliquer qu'« il n'était nullement question de couper les liens avec l'organisation. Il faudra la faire sortir du musée et non pas la mettre dedans, comme cela a été dit, afin de lui donner la force et la légitimité qui lui permettent de faire face à l'économie libérale sauvage. Il est donc important que les fédérations et les syndicats d'entreprises retrouvent leur force sous l'égide de l'UGTA ». Les syndicalistes ont exigé également que le sujet du pacte social soit discuté lors des travaux du 11e congrès de l'organisation, prévu au mois de février 2006, à l'occasion du 50e anniversaire de l'UGTA, tout en précisant qu'ils refusent la présence du chargé de l'organique au sein de la commission chargée de l'organisation de ces travaux. Les représentants des travailleurs de la Cnan, de l'entreprise nationale du transport maritime (ENTMV), des dockers, des Douanes, de la BDL et de la BEA ont dénoncé, eux, les menaces de licenciement et les pressions dont ils font l'objet de la part des responsables syndicaux, depuis qu'ils ont rejoint la coordination, en citant plusieurs cas, notamment à Oran. Reprenant la parole en fin de réunion, Ahmed Badaoui a insisté sur le fait que l'échec ne concerne pas toutes les unions de wilaya et locales, mais surtout l'union locale d'Alger. L'aveu Le représentant du syndicat de la BEA a, quant à lui, rappelé la légitimité des revendications socioprofessionnelles des travailleurs, surtout que cette banque « compte mettre au chômage 450 employés en janvier 2006, parmi lesquels 120 ont été libérés en 10 jours seulement ». Il est à rappeler que ce mouvement de grève a été décidé par les syndicalistes après l'échec de toutes les voies du dialogue empruntées depuis le mois de juillet dernier, lorsque la nécessité de constituer une nouvelle structure organisationnelle pour contrecarrer les blocages au niveau de la centrale syndicale était devenue nécessaire. A la suite de plusieurs réunions, en premier lieu entre les syndicats des entreprises du port d'Alger, puis élargies à ceux du secteur des finances, une plate-forme de revendications socioprofessionnelles, dont entre autres l'augmentation des salaires, l'arrêt de la politique de privatisation sauvage et l'amélioration des conditions de travail, a été élaborée et remise aux plus hautes autorités. Un premier préavis de grève a été lancé, mais vite gelé, à la suite de l'engagement du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, à prendre en charge les revendications. Un délai lui a été accordé, en vain. Aucune réponse n'a été donnée non plus par les pouvoirs publics qui s'entêtent à refuser toute augmentation de salaires, en dépit du fait que la situation financière du pays, de l'avis même du Fonds monétaire international (FMI), est très satisfaisante. En effet, dans la lettre adressée à Abdelmadjid Sidi Saïd, le 9 novembre dernier, Mohsin Saïd Khan, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale auprès du FMI, a écrit : « (...) Il existe une marge pour une augmentation des salaires, vu les performances de l'Algérie en matière de croissance (...) Je suis sûr que vous conviendrez qu'augmenter les salaires en phase avec la croissance économique ne signifie pas un gel des salaires, puisque le PIB réel hors hydrocarbures augmenterait d'environ 5 %, entre 2005 et 2006. » Un aveu qui renforce davantage les syndicalistes dans leur lutte pour une amélioration de leurs revenus, d'autant que ces derniers n'ont pas connu de hausse depuis des années.