Nawal a 35 ans, n'est pas réellement jolie mais garde un certain attrait chez les amateurs de cubisme. Nawal est pourtant câline et charmante et si Nawal n'est pas mariée, c'est parce qu'elle n'a pas trouvé de mari, ce dernier n'ayant pas trouvé Nawal. Comme lui dit sa mère, si elle était plus entreprenante, elle ne serait pas obligée d'attendre le prince charmant débarquant en Boeing dans sa chambre. Mais Nawal est difficile. Trop grand ou trop petit, intégriste ou libertin, pas assez riche ou trop arrogant, stupide ou trop cultivé, trop timide ou effronté, RND ou MSP, Nawal n'arrive pas à trouver chaussure à son pied, parce que comme lui fait remarquer sa mère, Nawal n'a pas les deux pieds de la même longueur. Parce que Nawal est une dégustatrice de regrets qui passe son temps debout sur un pied dans sa cuisine, l'air songeur à renifler les odeurs du passé et celles des hommes qu'elle a ratés, même si comme le lui rappelle sa mère, les hommes ne se trouvent pas dans les cuisines. Pour ce mois de Ramadhan, Nawal a donc décidé de tuer sa mère, son père ayant depuis longtemps fui le domicile familial, à cause de sa femme, selon des indiscrétions de voisinage. Sur les conseils d'un bon ami médecin, hélas marié, Nawal a opté pour l'indigestion, ce qui en ce mois est très fréquent. C'est ainsi qu'au dixième jour du Ramadhan, Nawal a incorporé du ciment dans la chorba et des clous rouillés en poudre dans le djouaz. C'est ainsi que la nuit précédant le 11è jour du Ramadhan, la mère de Nawal est morte des suites d'une classique indigestion, ce qui n'a éveillé aucun soupçon auprès des médecins urgentistes. C'est à l'enterrement de sa mère que Nawal a décidé de se marier avec le fossoyeur du cimetière. Un mari parfait. Pour surveiller sa mère, des fois qu'elle reviendrait lui pourrir la vie. Nawal veut bien croire à l'amour, mais a du mal à croire à la mort.