La région côtière et viticole du Dahra vit, depuis vendredi dernier, au rythme du chaâbi et de la poésie populaire. En effet, à l'occasion de sa 25e édition, le festival de Sidi Lakhdar Benkhlouf se déroule cette année, probablement pour la première fois de sa longue existence, en plein mois de Ramadhan. Les organisateurs qui n'ont pas oublié combien ce poète panégyrique du prophète Mohammed, ainsi que sa région natale sont connus pour leur fougue patriotique. Le talentueux poète avait de son temps, sous les ordres de Barberousse, combattu l'invasion espagnole. C'est en effet, le 27 août 1558 qu'une ultime bataille opposa les troupes algériennes — sous le commandement de Kheïr-Eddine — aux envahisseurs espagnols dirigés par le jeune et fougueux comte d'Alcaudette, dont ce sera la dernière bataille, puisqu'il sera tué sous les murs de Mazagran, mettant à mal la succession sur le trône d'Espagne. Cette manifestation, eu égard au passé combatif et glorieux des enfants de la région, jusque et y compris durant la guerre d'Algérie contre le colonialisme français, se tiendra sous le thème de la résistance. C'est donc sans surprise que les organisateurs ont fait coïncider cette manifestation avec plusieurs dates symptomatiques de la longue résistance du peuple algérien. En effet, l'entame de ce festival s'est faite durant la Journée du Moudjahid qui consacre une double célébration : celle de l'offensive du 20 août 55 des combattants de l'ALN sur les villes du Nord Constantinois, principalement celles situées dans le triangle Skikda-Collo-El Harrouch et celle d'Ifri, une année plus tard, à l'occasion de la tenue du Congrès de la Soummam. Pour accompagner ces dates symboles, le festival offre aux mélomanes de la région des récitals interminables des meilleurs chanteurs locaux. Ainsi, en l'absence de Maâzouz Bouadjadj, les soirées seront animées par Ahmed Zéguiche, Amine Haouki, H'mida Benhenda, Maâmar Chadly Benachir, Houari Bouferma ainsi que l'incontournable Kamel Bourdib. C'est sous la baguette avisée de Bouasria Toudjine, en chef d'orchestre avisé, que ces chanteurs s'acharneront trois nuits durant à envoûter le fidèle public qui effectue tous les soirs le déplacement depuis la cité de Sidi Saïd vers celle de Lakhdar Benkhlouf. Durant ces mêmes nuits, des lectures du Coran seront également organisées au niveau du mausolée du saint patron du Dahra. Celui dont les centaines de poèmes constituent une véritable encyclopédie du genre «melhoun» ; des paroles qui font particulièrement le bonheur des chanteurs classiques du Maroc et de l'Algérie. Des poèmes qui sont à jamais regroupés dans deux ouvrages à l'initiative de l'association «Azur» de Mostaganem.