Les deux parties vont se regarder comme des chiens de faïence le 2 septembre à Washington. Obama et Moubarak constateront l'inutilité de ce simulacre de négociations. Des responsables israéliens et palestiniens se sont montrés sceptiques, hier, au lendemain de l'annonce d'une reprise, en septembre, des négociations de paix directes, estimant qu'elles s'annoncent fragiles, en raison notamment de la question du gel de la colonisation. «Sans un gel total de la colonisation (israélienne), une véritable volonté pour un retrait jusqu'aux frontières internationales et tant qu'Israël n'aura pas cessé d'offrir aux Palestiniens une caricature d'Etat, ce sera une perte de temps pour tout le monde», a estimé le député Haïm Oron, du parti de l'opposition de gauche laïque, Meretz, selon la radio. Le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Erakat, a averti pour sa part, samedi, que «tant que le gouvernement israélien n'aura pas cessé la colonisation et la démolition de maisons à Jérusalem-Est (occupée et annexée par Israël), nous ne serons pas en mesure de poursuivre les pourparlers». La radio publique israélienne a indiqué que les négociateurs israéliens insisteront notamment sur le fait qu'un Etat palestinien soit démilitarisé, doté d'une police légèrement armée et qu'Israël maintienne une présence à la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie. Ils exigeront également une promesse des Palestiniens de ne pas conclure d'accords de défense avec des pays hostiles à Israël, ajoute la radio. «Des pourparlers de paix directs entre Israéliens et Palestiniens reprendront le 2 septembre à Washington en présence du président égyptien et du roi de Jordanie, et peuvent aboutir ‘‘d'ici un an''», a annoncé, vendredi, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Dans le même temps, le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) a invité les deux parties à reprendre les négociations directes, estimant également que le dialogue pouvait aboutir d'ici un an. Les négociations doivent «mener à un accord négocié entre les parties, qui mette fin à l'occupation qui a commencé en 1967 et aboutisse à la constitution d'un Etat palestinien indépendant, démocratique, viable et cohabitant dans la paix avec Israël et ses autres voisins», a-t-il indiqué dans un communiqué. La sainte alliance Le Premier ministre israélien s'est dit satisfait de l'appel de Mme Clinton et du Quartette. «Le Premier ministre Netanyahu (...) est satisfait de la clarification américaine sur des discussions sans conditions préalables», selon un communiqué officiel. Netanyahu avait rejeté la demande palestinienne d'une prolongation du gel temporaire de la colonisation en Cisjordanie occupée comme condition de reprise des négociations directes. Côté palestinien, le comité exécutif de l'OLP (CEOLP) a annoncé qu'«il accepte une reprise des négociations directes avec Israël conformément au communiqué du Quartette», a dit Yasser Abed Rabbo, membre de cette instance, à l'issue d'une réunion vendredi soir. «Le peuple palestinien ne se sentira pas engagé par les résultats de cette invitation trompeuse, après l'expérience d'Annapolis, lors de laquelle on nous a promis un Etat palestinien dans l'année, mais plusieurs années sont passées et nous sommes toujours à la case départ», a déclaré Sami Abou Zouhri, un porte-parole du mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza. M. Abou Zouhri faisait référence au lancement formel de négociations de paix entre le président palestinien, Mahmoud Abbas, et l'ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, aux Etats-Unis en novembre 2007, après un gel de sept ans. Des négociations indirectes étaient menées depuis mai par l'intermédiaire de l'émissaire américain George Mitchell.