Les Israéliens et les Palestiniens reprendront le 2 septembre à Washington les pourparlers de paix directs en présence du président égyptien et du roi de Jordanie qui « peuvent aboutir » d'ici un an. Tout comme lors de la conférence d'Annapolis (en 2007 aux Etats-Unis) au cours de laquelle « on » avait promis aux Palestiniens un accord en vue d'un Etat palestinien au bout de « 24 mois ». Selon la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, cette reprise des négociations sera précédée, le 1er septembre, de discussions bilatérales auxquelles le président Obama conviera les dirigeants israélien, palestinien, égyptien et jordanien, suivies d'un dîner auquel Tony Blair, le représentant du Quartette, se joindra se tiendra sous l'égide des médiateurs internationaux pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU). L'Autorité palestinienne qui a résisté plusieurs mois aux pressions américaines, en évoquant l'absence de toute intention chez les Israéliens de se retirer des territoires occupés depuis 1967, cède. Le président Mahmoud Abbas rencontrera le 2 septembre prochain, à Washington, Benyamin Netanyahu pour reprendre les négociations interrompues fin 2008, après l'opération « Plomb durci » lancée sur Gaza. Sans conditions préalables. Y compris le gel de la colonisation en Cisjordanie au-delà du 26 septembre. Netanyahu, qui a assuré qu'« Israël veut conduire des négociations globales et sérieuses », est aux anges. Il se félicite d'avoir ramené avec le coup de pouce d'Hillary Clinton, Mahmoud Abbas à la table des négociations pour « continuer à œuvrer à une paix juste et durable dans la région ». Le président palestinien a eu vendredi soir à Ramallah, le OK du Comité exécutif de l'OLP. Selon Abed Rabbo, le comité accepte de reprendre les négociations directes pour régler toutes les questions en suspens (statut final des territoires palestiniens, frontières du futur Etat palestinien, droit des réfugiés palestiniens au retour...) conformément au communique de vendredi du Quartette où il a réaffirmé la validité de ses précédentes déclarations. Dont celles de Trieste du 26 juin 2009, de New York du 24 septembre 2009 et de Moscou du 19 mars 2010. Abbas doit faire face à la fronde de Hamas. Le parti islamiste qui contrôle Gaza ne croit pas en les garanties données par le Quartette (constitution « d'un État palestinien indépendant, démocratique, viable » et « fin de l'occupation qui a commencé en 1967 »). « Le peuple palestinien ne se sentira pas engagé par les résultats de cette invitation trompeuse », dit-il déplorant l'« oubli » par les Etats-Unis de « l'exigence palestinienne de l'arrêt de la colonisation israélienne ». Il estime que cette invitation est une nouvelle tromperie après Annapolis. Comme pour rassurer les Palestiniens et «menacer » les colons qui pourraient reprendre leurs actes de provocation, Saeb Erekat, le principal négociateur palestinien, annonce : « tant que le gouvernement israélien n'aura pas cessé la colonisation et la démolition de maisons à El Qods, nous ne serons pas en mesure de poursuivre les pourparlers ». «Sans un gel total de la colonisation, une véritable disposition au retrait jusqu'aux frontières internationales et tant qu'Israël n'aura pas cessé d'offrir aux Palestiniens une caricature d'Etat, ce sera une perte de temps pour tout le monde » estime le député Haïm Oron, du parti de l'opposition de gauche laïque Meretz. Les négociations vont-elles droit dans le mur ? Elles semblent compromises avant même leur commencement : la secrétaire d'Etat américaine a conforté la position du Premier ministre israélien qui a toujours farouchement repoussé toutes conditions à la reprise des négociations et le Quartette a fait siennes les conditions de Mahmoud Abbas. La reprise des négociations se fera-t-elle sans que les protagonistes du conflit ne se soient mis d'accord sur le moyen d'aborder celles-ci ? Une citation de Nelson Mandela, souvent peinte sur le mur d'apartheid entre Israël et la Cisjordanie, résume à elle toute seule la situation actuelle et le sentiment partagé par nombre de Palestiniens : « Il y a eu des difficultés par le passé. Il y en aura encore », a reconnu la secrétaire d'Etat américaine qui ne désespère pas, après ce retour au dialogue, après presque deux ans de tension, de faire franchir aux deux belligérants un pas vers le règlement définitif du plus long conflit de l'histoire moderne. Le Quartette n'en dit pas moins. Dans un communiqué, ce dernier a exprimé sa détermination à soutenir les parties dans ces discussions, qui peuvent aboutir « d'ici un an » si les Israéliens et les Palestiniens travaillent « vite et dur » pour reprendre l'expression de la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton. Un délai qui semble insuffisant pour faire disparaître toutes les divergences. «Les Etats-Unis sont prêts avancer si nécessaire leurs propres propositions de conciliation », affirme George Mitchell, l'émissaire américain. Comment ? Sur quelle question ? Le médiateur ne dit rien à l'Autorité palestinienne qui souhaite la naissance d'un Etat d'ici la mi-2011. « Only free men can negotiate » (Seul des hommes libres peuvent négocier), peut-on lire sur le mur d'apartheid entre Israël et la Cisjordanie.