Doute n Des responsables et observateurs palestiniens et israéliens se sont montrés sceptiques, hier, au lendemain de l'annonce d'une reprise en septembre des négociations de paix directes. Ils estiment qu'elles s'annoncent fragiles en raison notamment de la question de la colonisation. «Sans un gel total de la colonisation israélienne, une véritable volonté pour un retrait jusqu'aux frontières internationales et tant qu'Israël n'aura pas cessé d'offrir aux Palestiniens une caricature d'Etat, ce sera une perte de temps pour tout le monde», a estimé le député israélien Haïm Oron, du parti de l'opposition de gauche laïque Meretz. Le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Erakat, a averti, pour sa part, que «tant que le gouvernement israélien n'aura pas cessé la colonisation et la démolition de maisons à Jérusalem-Est (occupé et annexé par Israël), nous ne serons pas en mesure de poursuivre les pourparlers». Pour l'analyste Ziad Abou Amr, du Comité palestinien pour les relations extérieures, les négociations indirectes menées depuis mai par l'émissaire américain George Mitchell n'ont pas été encourageantes. Mais les Palestiniens se rendront malgré tout à Washington dans l'espoir que la rencontre mène à quelque chose de positif. «Si non, au moins personne ne pourra accuser les Palestiniens d'être les responsables de l'obstruction des négociations directes», a-t-il indiqué. Jonathan Spyer, analyste à l'Institut interdisciplinaire d'Israël, estime que les circonstances actuelles ne laissent pas présager une issue plus favorable que celles des précédentes négociations. «Pour moi, il s'agit d'un indicateur du niveau extrêmement bas de l'avancée sur la voie israélo-palestinienne, parvenir à réunir des Israéliens et des Palestiniens dans une même pièce et les faire parler entre eux est maintenant considéré comme un exploit», a-t-il indiqué. L'annonce de la reprise prochaine des négociations a été également accueillie ce dimanche avec scepticisme dans la presse israélienne qui soulignait le phénomène de déjà-vu. Le quotidien israélien ‘Yediot Aharonot' rappelle que les négociations directes ont déjà été engagées en 1993 à Oslo et Washington, qu'elles se sont poursuivies à Camp David en 2000, à Taba en Egypte en 2001, à Annapolis en novembre 2007, sans aboutir jusqu'à ce jour. Le quotidien gratuit ‘Israël Hayom', proche du Premier ministre Benyamin Netanyahu se félicite d'avoir réussi à obtenir une relance des négociations sans devoir s'engager au préalable à geler la colonisation. «C'est un succès, mais provisoire» titre le journal qui met en garde contre des espoirs exagérés de parvenir à un accord vu le fossé entre les positions israéliennes et palestiniennes. Plus optimiste, le quotidien ‘Haaretz' (gauche) trouve paradoxalement des raisons d'espérer dans «l'apathie du public israélien» qui ne risque pas d'être déçu «vu qu'il n'espère pas grand-chose». «Les pourparlers de paix directs entre Israéliens et Palestiniens reprendront le 2 septembre à Washington en présence du Président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah II de Jordanie, et peuvent aboutir d'ici à un an», a annoncé vendredi la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton.