Les riverains rencontrés sur place attestent que les odeurs nauséabondes envahissent leurs maisons, et les rats, les insectes et surtout les serpents sont omniprésents. Les dernières pluies ont mis à nu la souffrance des populations des quartiers limitrophes du périmètre urbain du chef-lieu de la wilaya de Blida. L'exemple de la cité Mohamed Rika, située sur les contrebas du massif de Chréa, illustre cette situation déplorable qui tend à perdurer. Des représentants du quartier en question, situé à une centaine de mètres de l'annexe de l'APC de Blida (route de Chréa), se sont déplacés à notre rédaction, munis d'une dizaine de requêtes, dont des pétitions envoyées aux services concernés qui sont restées vaines. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le quartier est dépourvu d'un réseau d'assainissement et l'évacuation des eaux usées se fait dans un petit oued à ciel ouvert en plein milieu des habitations. Sur place, nous avons pu confirmer les dires de ces citoyens. Le décor est chaotique surtout après les dernières intempéries. Les riverains attestent que les odeurs nauséabondes arrivent jusqu'à l'intérieur des maisons, et les rats, les insectes et surtout les serpents font rage. «Ces bestioles circulent partout ! A la nuit tombée, nous les entendons trottiner même sur nos toits. Nous avons peur pour la santé de nos enfants. Il y a eu en 2007 une opération de curage du oued, mais les choses sont redevenues comme avant : retour des rats, insectes, odeurs nauséabondes…», certifie un habitant de la cité Rika. Nos interlocuteurs n'ont pas cessé d'évoquer les effets engendrés sur leur santé par l'évaporation, devant leurs domiciles, des eaux usées.«Notre santé se détériore de jour en jour. Nous souffrons de maladies respiratoires et de toutes sortes d'allergies. Nos cris de détresse se heurtent malheureusement à l'indifférence des responsables locaux», ajoutent-ils. Ces derniers n'ont d'alternative que de fermer les fenêtres et de supporter la chaleur de l'été afin d'éviter les complications. A la cité Mohamed Rika, l'atmosphère est polluée non seulement par les odeurs que dégagent les eaux usées, mais aussi par les fumées dégagées suite à l'incinération des déchets ménagers au niveau de la cité. «Que voulez-vous qu'on fasse, le camion de l'APC ne passe jamais par notre cité. Nous sommes contraints alors d'incinérer nos déchets», regrette un habitant du quartier. En hiver, l'oued se transforme en un véritable torrent fougueux charriant tout sur son passage. «Des gravats, des sacs en plastique, des granulats ; des matières putrescibles sont transportés par les eaux en furie à plus de deux kilomètres en aval et sont déposés en plein centre-ville de Blida, au niveau des cités Douirat, Bouaïba, Zenket Enouar (la rue des Roses), la route du Cimetière… », affirme notre interlocuteur. La force des eaux a provoqué des effets de ravinement approfondissant ainsi le lit de l'oued en question. Risques d'inondations Cette situation est inquiétante pour les habitants de ce quartier car les services d'évacuation d'urgence ne peuvent plus accéder à leur cité à cause des effondrements successifs dus aux eaux de pluies et au rétrécissement de la section du seul chemin d'accès à ces habitations. En plus des obstructions qui isolent leur quartier, les habitants signalent plusieurs cas de chute de femmes et d'enfants à proximité de ces ravins. Les pentes prononcées (presque raides) compliquent davantage les choses et le risque d'inondation y est très redouté. «Nous demandons la construction de murs de soutènement pour stopper les effondrements», clament ces habitants. «Ma femme a failli mourir, au moment où elle était enceinte, suite à une chute», nous confie un quadragénaire, natif de cette cité et qui y demeure toujours. Et comme un malheur ne vient jamais seul, plusieurs riverains sont sans électricité. Une requête adressée au P/APC de Blida et qui fait mention du cas de quatre foyers de la cité Rika non raccordés au réseau d'électricité est restée lettre morte, selon les concernées. Ces familles ont déboursé, apprend-on, 14 millions de centimes pour l'installation d'un poteau électrique. Les services de Sonelgaz se sont pourtant déplacés sur les lieux afin de finaliser les démarches nécessaires. «Il ne reste que l'aval du P/APC qui sera donné à l'issue de l'expertise des services des réseaux relevant de la même assemblée. Mais ces derniers ont refusé de recevoir les concernés», mentionne la requête. La cité Rika reste par ailleurs privée de gaz de ville. Les habitants ont mis à notre disposition des documents attestant qu'ils ont versé 145 000 DA pour l'étude entamée par Sonelgaz en vue du raccordement du quartier au réseau du gaz de ville. Une correspondance des services de cette société, datée de 2009, précise que le délai de réalisation est de 90 jours à compter de la date de paiement et l'obtention des autorisations de construire. «Nous n'arrivons pas à digérer cette situation. Alors que cela fait plus de 10 mois que nous avons réglé la facture de l'étude, ne nous sommes toujours pas raccordés au réseau de gaz de ville. La situation est d'autant plus incompréhensible sur le plan de la faisabilité que des quartiers avoisinants jouissent, depuis longtemps, des bienfaits du gaz de ville», lance un cadre habitant la cité Rika. Si cette cité relève du périmètre urbain de la ville de Blida, il s'avère, comme nous l'avons constaté de visu, que ce quartier, manquant de toutes les commodités, n'est ni à vocation citadine ni à vocation rurale. Il continu à sombrer dans l'anarchie la plus totale…