De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani L'oued SafSaf à Annaba est devenu au fil des ans un véritable danger pour les habitants de la cité éponyme mais aussi pour les cités voisines (8 Mars et 19 Mai 1956) qui se plaignent souvent des désagréments causés par la pollution de ce cours d'eau, lequel, dans la réalité, n'en est plus un. En effet, cet oued où coulait une eau naturelle et où vivait la carpe il y a une trentaine d'années s'est transformé en une sorte de déversoir où sont évacuées les eaux usées de milliers d'habitants qui jettent en prime une multitude de déchets solides. La mauvaise herbe a poussé et s'est développée sur les berges, des ordures ménagères sont déposées çà et là et des déchets de matériaux de construction sont visibles sur les deux rives de l'oued. Gros rats, insectes, moustiques, serpents et autres bestioles y vivent et les odeurs nauséabondes qui s'en dégagent envahissent les lieux et indisposent les riverains. En hiver, par temps de crue, l'oued déborde et recouvre tous les espaces, atteignant fréquemment les immeubles construits à quelques mètres, les caves sont inondées, les eaux montent jusqu'aux cages d'escalier et empêchent toute circulation. En été, en plus des odeurs pestilentielles, ce sont des nuées de moustiques qui envahissent les appartements, obligeant les habitants à se cloîtrer mais malgré cela, ces insectes arrivent à pénétrer dans les lieux et à faire des ravages. «Ce sont surtout les enfants qui sont les plus touchés, nous dit un habitant, la dernière fois ma petite fille de 5 ans a eu tout le visage enflé par des piqûres de moustiques et il a fallu que je l'emmène à l'hôpital pour des soins, j'ai payé près de 2 000 DA en médicaments. Cela devient invivable, cet oued est une ‘‘usine'' à moustiques ; il n'y a pas de répit, c'est toute l'année qu'on subit les assauts répétés de ces bestioles à l'origine de plusieurs maladies de la peau.» En plus des moustiques, ce sont les rats et les serpents qui envahissent les caves et parfois les maisons, ce qui représente un danger certain pour les habitants. Et faute d'aires de jeu dans ces cités, les enfants sont obligés d'improviser et de se créer un espace pour se dépenser et se défouler et l'endroit le plus indiqué est la proximité du canal. Ce qui est risqué avec toutes les bestioles qui y vivent en plus du fait qu'ils peuvent tomber dans ces eaux polluées. Et c'est justement ce qui est arrivé il y a quelque temps, un jeune écolier a fait une chute dans ce canal pendant l'hiver et a été emporté ; il avait fallu 4 jours pour repêcher le corps sans vie du jeune enfant. Selon la direction de l'hydraulique, le problème de la pollution de ce canal sera définitivement réglé avec la mise en service très prochainement des deux stations de relevage en cours d'achèvement et donc toutes les eaux usées de cette partie de la ville qui ne seront plus déversées dans l'oued seront prises en charge et évacuées dans des canalisations jusqu'à la station d'épuration. «160 milliards de centimes ont été alloués à cette opération ; en juin de l'année prochaine, tout sera mis en service et on n'entendra plus parler de pollution.» S'agissant du canal de ceinture, il ajoutera que la Société des eaux et de l'assainissement d'El Tarf et de Annaba (SEATA) a été instruite pour bétonner le lit de cet oued. La commune aura en charge le curage du cours d'eau en plus des opérations de démoustication qui se font régulièrement.