L'anarchie qui règne habituellement au marché public de Médéa prend des proportions encore plus inquiétantes en cette période du mois sacré de Ramadhan. Tout le centre-ville se transforme en un centre commercial à ciel ouvert. Les squatters, qui se sont appropriés des espaces publics en érigeant des étalages hideux, défient ainsi l'ordre public et ne se soucient guère de la quiétude des habitants. Ils s'y sont définitivement installés, rendant la mobilité des passants impossible et plongeant le marché principal de la ville, jadis un endroit de convivialité, dans une atmosphère de désordre et d'insécurité. Avec leurs tables imposantes ou leurs camionnettes, ils obstruent toutes les voies, vitrines et accès aux boutiques. Tout y est vendable ; habillement, cosmétiques, denrées alimentaires et même des viandes rouges et du pain traditionnel. Toute la journée, les artères du centre-ville étouffent sous une surcharge humaine terrifiante. Les bousculades et les vols sont chose courante, causant disputes et violences. L'inachèvement des travaux de restauration de la bâtisse du marché des fruits et légumes, malgré les promesses des responsables locaux, a pénalisé davantage les habitants en ce mois sacré. Cet espace, conçu à une époque lointaine pour une population ne dépassant pas 30 000 âmes, est devenu trop exigu, alors qu'aujourd'hui, la cité compte plus de 150 000 habitants, sans compter ceux des communes limitrophes. Devant cette situation, des pères de famille rencontrés sur place n'ont pas manqué de crier leur colère et leur indignation face à ce désordre général engendré par la prolifération du commerce informel. A l'heure du f'tour, le marché de la capitale du Titteri est défiguré par des tonnes de détritus et de saletés abandonnés sur place par ces marchands occasionnels peu consciencieux.