Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a sommé, hier, Israël de «choisir entre la colonisation et la paix», rejetant sur le Premier ministre Benyamine Netanyahu la responsabilité de l'issue des négociations directes prévues dans 10 jours. «Le gouvernement israélien a le choix entre la colonisation et la paix, il ne peut pas avoir les deux», a déclaré M. Erakat lors d'une conférence de presse à Ramallah. «Si M. Netanyahu décide de relancer les appels d'offres dans les colonies après le 26 septembre, il aura décidé de mettre fin aux négociations», a-t-il estimé, en référence à la date d'expiration du moratoire partiel de la construction dans les colonies de Cisjordanie décidé par le gouvernement israélien. M. Netanyahu a indiqué à plusieurs reprises qu'il ne comptait pas prolonger ce gel partiel. M. Erakat a considéré «faisable» l'objectif de parvenir à un règlement global en un an. «Nous espérons que, s'il (M. Netanyahu) est confronté au choix entre les colonies et la paix, il choisira la paix», a-t-il ajouté. Interrogé sur d'éventuels engagements de l'Administration américaine pour une prolongation du moratoire afin de convaincre l'Autorité palestinienne d'accepter l'invitation à ces pourparlers à partir du 2 septembre, M. Erakat s'est montré évasif. «Les Américains nous ont dit que si nous entamions les négociations directes, nous serions en meilleure position pour obtenir une extension du moratoire», a-t-il répondu. Obama n'a rien promis Il a déploré que M. Netanyahu ait réussi à donner, par ses demandes répétées pour des pourparlers «sans conditions préalables», l'impression que l'Autorité palestinienne renâclait en réclamant des garanties. «Il est parvenu à nous placer dans la situation d'aller ou de ne pas aller aux négociations et son but était de nous appeler à des discussions et que nous refusions.» Et il dit : pas de conditions préalables et nous posons des conditions, et cela semble marcher», a regretté M. Erakat. «Toute négociation requiert des termes de référence, un calendrier et des obligations des deux parties», a-t-il argumenté. «Depuis les 21 et 22 août, j'entends M. Netanyahu énoncer des conditions», a-t-il indiqué en référence aux commentaires du Premier ministre israélien dimanche selon lesquels un règlement devait être fondé «sur des arrangements de sécurité» satisfaisants pour Israël, la reconnaissance d'Israël «comme l'Etat du peuple juif par les Palestiniens, et mettre un point final au conflit». «Si M. Netanyahu pose des conditions après avoir accepté ces pourparlers, cela revient à des négociations sans négociations, sans partenaire. Il me semble qu'il veut négocier avec lui-même ou sa coalition puis nous dire : voilà ce qui est bon pour vous les Palestiniens», a estimé M. Erakat. Le vice-Premier ministre israélien, Sylvan Shalom, a balayé, hier, les revendications palestiniennes, assurant que les exigences israéliennes ne pouvaient être assimilées à des «conditions préalables». «Je ne pense pas que le gel (de la colonisation) soit prolongé, et les Palestiniens ne peuvent pas se servir de ce fait comme d'un prétexte pour suspendre les négociations», a-t-il déclaré à la radio publique israélienne. «Quand Israël demande à être reconnu comme Etat juif, ce n'est pas une condition préalable à des pourparlers, mais une des conditions qui doivent être remplies pour qu'un accord de paix permanent puisse être conclu», a-t-il affirmé. Malgré l'acrimonie de ces échanges, les deux camps assuraient croire à la possibilité d'un accord. «Nous espérons que M. Netanyahu choisira la réconciliation plutôt qu'une poursuite de la confrontation, cela dépend de lui», a insisté M. Erakat.