Après une vingtaine d'années passées à négocier avec les Israéliens, Saeb Errekat a fini, lui aussi, par se montrer profondément sceptique. Pour négocier, il faut se fixer un objectif, auquel cas, cela n'a pas de sens. Saeb Errekat, tout comme son premier responsable Abou Mazen, l'architecte du processus d'Oslo et aujourd'hui à la tête de l'Autorité palestinienne, ont perdu leurs illusions les unes après les autres. Ils en sont aujourd'hui à douter et à s'en remettre à la communauté internationale, après que leur propre opinion ait déjà dit ce qu'elle pensait à travers un vote-sanction. Il s'agit des élections législatives de 2006 marquées par la victoire du Hamas. Et là, M. Errekat a voulu rapporter cette exaspération et même ce sentiment de désespoir, la marge devenant nulle pour ainsi dire depuis qu'Israël a détruit le processus d'Oslo et relancé le processus de colonisation. Il a ainsi sommé Israël de «choisir entre la colonisation et la paix», reprenant une formule déjà employée par les Palestiniens lors de la réunion à Alger, en 1991, du Conseil national palestinien (CNP) qui avait reconnu la résolution 242 du Conseil de sécurité et reconnu l'existence d'Israël. Une importante concession des Palestiniens, dont la contrepartie allait être la création d'un Etat palestinien sauf que cet objectif – et ce qu'on appelle plus généralement une stratégie pour la paix endossée par les Etats arabes – a toujours été contrarié par Israël. C'est ce qu'on appelle l'échange de paix contre les territoires. Mais l'on se rendra vite compte qu'Israël voulait l'un et l'autre, c'est-à-dire sans restituer les territoires qu'il occupe. M. Errekat ne parle que de la colonisation véritable, mais il s'agit toujours de territoires palestiniens. «Si M. Netanyahu décide de relancer les appels d'offres dans les colonies après le 26 septembre, il aura décidé de mettre fin aux négociations», a-t-il estimé, en référence à la date d'expiration du moratoire partiel de la construction dans les colonies de Cisjordanie décidé par le gouvernement israélien. M. Netanyahu a indiqué à plusieurs reprises qu'il ne comptait pas prolonger ce gel partiel. M. Errekat a considéré «faisable» l'objectif de parvenir à un règlement global en un an. Et cela sans aller jusqu'au bout de sa logique, car les Palestiniens doivent bien en avoir une, maintenant que l'échec fait partie de toutes les hypothèses. L'on se rappelle que le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'oppose à l'intifadha armée. Que vont faire les Palestiniens si Israël persiste dans sa politique d'occupation ? Interrogé sur d'éventuels engagements de l'Administration américaine pour une prolongation du moratoire afin de convaincre l'Autorité palestinienne d'accepter l'invitation à ces pourparlers à partir du 2 septembre, M. Errekat s'est montré évasif : «Les Américains nous ont dit que si nous entamons les négociations directes, nous serions en meilleure position pour obtenir une extension du moratoire.» Il a déploré que M. Netanyahu ait réussi à donner, par ses demandes répétées pour des pourparlers «sans conditions préalables», l'impression que l'Autorité palestinienne renâclait en réclamant des garanties. «Il est parvenu à nous placer dans la situation d'aller ou de ne pas aller aux négociations et son but était de nous appeler à des discussions et que nous refusions», et là se rappelle- t-on depuis toujours, les Palestiniens de pratiquer la politique de la chaise vide, et d'endosser, par voie de conséquence, le moindre échec. Les Palestiniens ont énoncé quelques hypothèses sans jamais arrêter de position précise. Que feront-ils, cette fois ?