Une attaque de bus digne des pilleurs de trains de l'Ouest américain a été tendue à un groupe de voyageurs par un ramassis de hors- la-loi qui écument la banlieue d'El Harrach. Tout a commencé au début de ce mois de Ramadhan aux environs de 16h30, à l'arrêt des bus de la Glacière, lorsqu'une horde de voleurs composée de cinq personnes munies de couteaux et d'armes hétéroclites, est montée dans un bus privé se rendant à la station urbaine de Boumati, pour délester de paisibles citoyens . D'ailleurs, tout les habitants d'El Harrach ont parlé durant plusieurs jours de ce traquenard et du forfait perpétré contre ces citoyens. « Tout acte de résistance des usagers de ce bus était inutile face à une horde hystérique et capable du pire. » D'ailleurs un autre groupe de malfrats, posté à l'extérieur du bus, surveillait les lieux et se tenait prêt à contrecarrer toute résistance ou fuite » témoigne, terrifié, un citoyen victime de cette agression. Que ce soit à El Harrach, Boumati ou à Bachdjerrah, pour ne citer que ces localités de la banlieue algéroise, la violence prend des proportions alarmantes, notamment depuis le début du mois de Ramadhan, censé être un mois de piété et de ferveur. L'horrible traquenard que d'aucuns qualifient comme un défi à l'autorité publique, risque de faire tache d'huile, si rien n'est fait pour endiguer un tant soit peu cette violence. A l'intérieur du marché d'El Harrach, des groupes spécialisés dans les vols et les agressions n'ont trouvé mieux que de gicler de la mayonnaise sur une proie repérée à l'entrée du marché avant qu'elle soit interceptée plus loin par le reste du groupe. Un éleveur de bovins, repéré en possession d'une importante somme d'argent a été " kidnappé " du marché , en plein jour . Les kidnappeurs, après avoir maculé la poitrine de la victime de sang afin de simuler une blessure,se sont « chargés » de secourir le blessé en l'évacuant plus loin pour le délester tranquillement de son argent « Les forces de l'ordre ne peuvent rien contre la multiplication des actes d'agression et de vol " témoigne, sous le sceau de l'anonymat, un officier des services de sécurité. Plus explicite, notre interlocuteur affirme que les délinquants ainsi que les agresseurs de tout acabit profitent, depuis l'avénement du terrorisme, d'une totale « impunité »."Ils peuvent bénéficier de la liberté au bout de 24 heures d'incarcération dans les geôles des postes de police” se désole -t-il ajoutant que la justice doit épauler les services de sécurité. « Il est intolérable et injuste que des éléments des services de sécurité et des citoyens agressés assistent, impuissants, à un retour des malfaiteurs sans que ceux-ci soient jugés. Il est aussi inconcevable que des repris de justice, ayant été arrêtés en flagrant délit de vol ou d'agression avec arme blanche, soient libérés au bout de quelques heures ou de quelques jours d'incarcération », relève également cet officier des services de sécurité. A l'opposé du médecin qui a choisi son métier pour préserver la vie des patients, l'agent des services de sécurité, selon différents interlocuteurs, n'accomplit pas convenablement son devoir et n'assure pas la sécurité et la quiétude de ses concitoyens. Des actes d'agression ont été commis au vu et au su des éléments des services de sécurité, mais personne n'a jugé utile d'intervenir. D'autres interlocuteurs n'y vont pas avec le dos de la cuillère en accusant les sphères judiciaires de mollesse et de laisse-aller. « Si, après leur forfait, les malfrats, les voleurs, les violeurs sont certains d'être condamnés et transférés dans des campements obsolètes au fin fond du Sahara algérien, à Tin Zaouatine, Aïn M'guel ou In Guezzam par exemple, sans bénéficier de la moindre grâce présidentielle, je peux vous assurer qu'ils y réfléchiront à deux fois avant de commettre un délit ainsi minime soit-il, et que le nombre d'agressions connaîtra une chute vertigineuse. » D'autres malfrats ne désarment pas pour autant, puisqu'ils savent qu'ils seront graciés à l'occasion des fêtes religieuses et nationales. Scènes identiques aux alentours du marché communal de Bachedjarah. Au lieudit Dlala, un jeune âgé de 23 ans, selon certaines informations recueillies auprès des riverains, a été mortellement poignardé la semaine passée par un habitant du même quartier. Un autre jeune homme a été agressé à l'aide d'une bombe lacrymogène pour le délester de son téléphone portable. Une panique indescriptible s'est emparée des consommateurs qui viennent faire leurs achats à l'occasion de la fête de l'Aïd : « Celui qui ne possède pas de couteau dans sa poche est un moins que rien. Même les gosses portent un cran d'arrêt sinon un tournevis », témoigne ce vendeur de fruits et légumes qui nous signale un vol de voiture dans la nuit précédente. Il ne fait pas bon d'emprunter également le tunnel de la gare du Caroubier, qui a tendance à devenir un véritable coupe-gorge. D'ailleurs, nous disent des étudiants, des dizaines de citoyens et de vendeurs informels ont été délestés de leurs biens sous la menace de sabres, couteaux et autres, comme en témoigne cet étudiant de l'Epau, originaire du Mali : « Mon frère, les vols et les agressions sont devenus quasi quotidiens. »