Arabes et Kurdes se disputent le contrôle de ses richesses pétrolières. Les Etats-Unis déclareront demain la fin de leur mission de combat en Irak, mais le capitaine américain, TJ Tepley, demeurera sur la ligne de front entre Arabes et Kurdes dans le nord du pays pour éviter un conflit dévastateur. Agé de 27 ans, il dirige une compagnie de la Force combinée de sécurité (FCS) réunissant des militaires américains, kurdes et arabes dans la province pétrolière et multiethnique de Kirkouk. Le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan revendiquent la souveraineté sur une bande de territoire irakien qui s'étend sur 650 km, de la Syrie à l'Iran. «Globalement, il y a un changement», avec le retrait des forces américaines, confie ce capitaine ballotté dans son véhicule blindé qui arrive dans le village kurde de Gorga Chal, au nord de la ville de Kirkouk. «Nous sommes passés en quelques mois de 100 000 à 50 000. Mais le 1er septembre, la FCS sera toujours là», poursuit-il. Avec le retrait total programmé fin 2011, l'armée américaine souhaite réduire aussi progressivement son implication dans cette force, a déclaré à Tikrit le général Anthony Cucolo, chef des forces américaines dans le nord de l'Irak. Sur le terrain, c'est encore elle qui la contrôle. Ainsi, quand la compagnie de Tepley vient s'entretenir dans une école avec le chef du village Ramadan Mohammad, les deux seuls à parler sont le capitaine et le lieutenant Daniel Spurrier. Et si finalement l'unique militaire irakien présent, le sergent Aref Abdel Ali, prend la parole, c'est parce qu'il y a été incité par le capitaine Tepley. Arabes face aux Kurdes La dispute entre Baghdad et le Kurdistan trouve son origine dans l'arabisation au début des années 1990 de ces territoires par Saddam Hussein, qui a forcé 120 000 Kurdes à fuir vers le nord, selon Human Rights Watch. Les Peshmergas (combattants kurdes) ont profité de l'invasion de 2003 pour progresser vers le sud et l'ouest, revendiquant le caractère kurde de Kirkouk, et de zones dans les provinces de Ninive (nord) et Diyala (centre). Depuis, les deux camps s'accusent de vouloir modifier la balance démographique pour contrôler les richesses de ces régions. Depuis que la FCS a établi en janvier des points de contrôle et commencé ses patrouilles, le chef du village de Gorga Chal assure que la sécurité s'est améliorée. «Mon seul espoir est de les voir, après le départ des Américains, continuer à travailler ensemble», confie Ramadan Mohammad. Et lorsque les commandants américains insistent sur les bonnes relations sur le terrain entre Arabes et Kurdes, les remarques de cet édile démontrent que les tensions persistent. «Tout vient du fait que sous Saddam (Hussein) nous avons été déplacés vers le nord au Kurdistan, mais moi je suis originaire de Kirkouk», explique-t-il à Tepley et Spurrier. Le capitaine Tepley reconnaît qu'il doit souvent faire un effort pour saisir la complexité de la région. «Aux Etats-Unis, quand vous entendez parler de l'Irak, c'est surtout du (conflit) entre sunnites et chiites», qui a fait des dizaines de milliers de victimes ces dernières années. «Mais quand vous débarquez ici, vous avez affaire aux Kurdes et aux Arabes», note-t-il. Malgré une rhétorique optimiste sur la coopération entre les deux communautés, le général Cucolo reconnaît que la solution doit être «politique». Mais en l'absence d'un nouveau gouvernement, cet objectif semble lointain. «Il est nécessaire que le gouvernement soit formé et Inch'allah (si Dieu le veut) tout ira bien. C'est dur d'être patient, mais nous devons l'être», lance le lieutenant Spurrier. «Il n'y a pas au monde de gens plus patients que les Irakiens», rétorque Ramadan Mohamed.