Des officiers américains et irakiens à Kirkouk ont indiqué qu'une réunion de haut niveau se tiendra le 9 mars à Baghdad, soit deux jours après le scrutin. Le sort d'une force commune arabo-kurde mise en place il y a deux mois par les Etats-Unis dans le nord de l'Irak pour éviter une guerre ethnique sera tranchée juste après les élections du 7 mars. Des officiers américains et irakiens à Kirkouk (240 km au nord de Baghdad), ont indiqué qu'une réunion de haut niveau se tiendra le 9 mars à Baghdad, soit deux jours après le scrutin, pour déterminer si elle doit poursuivre sa tâche et définir sa taille. L'armée américaine et les responsables irakiens estiment que les tensions entre Arabes et Kurdes représentent la principale menace pour la stabilité du pays qui se relève d'un conflit confessionnel entre chiites et sunnites. Une remise en cause de cette force de 1350 hommes chargée d'empêcher tout dérapage dans les zones disputées, pourrait avoir de graves effets sur les efforts de réconciliation. Policiers et militaires irakiens, soldats américains et pechmergas (combattants kurdes) ont commencé leurs patrouilles il y a deux semaines dans la riche province pétrolière de Kirkouk, en dépit des objections des Arabes et des Turcomans pour qui l'inclusion d'une force paramilitaire kurde remet en cause la souveraineté de l'Etat. «La réunion du 9 mars donnera une indication sur la longévité de cette force et sur sa taille. Elle peut décider d'accroître, de maintenir à son niveau actuel ou de démanteler cette force», affirme le lieutenant-colonel américain, Daniel Cormier, commandant du 1er bataillon, du 30ème régiment d'infanterie, basé près de Kirkouk. Le général Torhan Youssef, chef de la police de Kirkouk, a confirmé la tenue de cette réunion décisive à Baghdad. Entraînée par les Américains, cette force, constituée en janvier à l'issue de mois de négociations au plus haut niveau, a établi une série de points de contrôle mixtes à Kirkouk et dans les provinces de Diyala et Ninive, où se trouvent des territoires disputés entre Arabes et Kurdes. Le gouvernement autonome du Kurdistan a l'ambition d'annexer le gouvernorat de Kirkouk et des parties de Ninive et de Diyala. En revanche, le gouvernement central à Baghdad n'a pas l'intention de laisser les Kurdes aller au delà des provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk. Les trois provinces formant le Kurdistan représentent 40.000 km2 mais les forces kurdes, dans le sillage de l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, ont étendu leur présence sur 75.000 km2 en prenant le contrôle d'une partie des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a poussé ces deux dernières années pour un déploiement de l'armée dans des zones disputées, face aux pechmergas kurdes, le long d'une «ligne de friction» de 650 km allant de la frontière iranienne à la frontière syrienne. L'armée américaine estime que le manque de coopération entre pechmergas et forces gouvernementales irakiennes a été exploité par les insurgés pour mener des attaques contre des minorités dans les zones disputées. Le commandant des forces américaines en Irak, le général Ray Odierno, a déjà averti en janvier que le problème de Kirkouk doit être pris à bras le corps par le prochain gouvernement. La question est d'autant plus sensible que les troupes de combat américaines s'apprêtent à quitter l'Irak en août, ce qui rendra difficile l'implication militaire américaine sur la ligne de front. A Kirkouk, des officiers ont affirmé qu'ils seraient déçus si cette force était abandonnée. Mais pour le lieutenant-colonel Cormier, la décision n'est pas entre les mains des militaires. «Nous suivons les ordres et nous faisons ce qu'ils nous disent de faire (...) C'est une décision politique car du point de vue de la sécurité, la force est très bonne».