Les syndicats autonomes du secteur de l'éducation n'ont pas vraiment pris de vacances. Ayant clôturé l'année scolaire après une année d'intense mobilisation et de lutte pour la satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles sanctionnée par des résultats de négociations avec le ministère de tutelle jugés en deçà de leurs attentes, les syndicalistes ne semblent pas avoir baissé la garde. Alors que pour le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, le dossier de la crise de l'éducation est «définitivement clos» depuis l'annonce des décisions de revalorisations salariales, quelques semaines avant la période des examens de fin d'année, les syndicats autonomes demeurent sur la même ligne de front jugeant les concessions accordées insuffisantes par rapport à la longue liste des revendications qui demeurent encore en suspens à l'instar des dossiers du statut de l'enseignant, de la retraite, des œuvres sociales… La nouvelle année scolaire, qui interviendra dans quelques jours, s'annonce déjà sous de mauvais auspices avec la décision des syndicats autonomes de l'éducation de marquer cet événement qui symbolise la rentrée sociale par un débrayage de trois jours. Le ton est donc donné pour cette nouvelle rentrée qui promet de ressembler aux précédentes si les solutions aux revendications non encore satisfaites des enseignants ne sont pas rapidement apportées par les pouvoirs publics. Et comme s'il n'y avait pas déjà suffisamment de sujets de discorde entre les syndicalistes autonomes et le ministère de tutelle, ce dernier par la voix de M. Benbouzid a saisi la veille de l'ouverture de l'année scolaire pour annoncer la décision de sévir sévèrement contre le phénomène de l'absentéisme en licenciant sans autre forme de procès les enseignants qui cumuleraient trois absences. Le secteur qui peine déjà à retrouver sa cohésion et la sérénité qui a déserté les rangs de l'école algérienne a-t-il besoin de ce nouvel abcès de fixation qui ne fera qu'exacerber la tension déjà assez vive en son sein ? Serait-on à ce point en panne d'imagination pour céder aux tentations extrémistes et à la facilité dans la recherche des solutions à nos problèmes ? L'école algérienne et nos enfants ont déjà payé un lourd tribut à la crise qui secoue le secteur de l'éducation depuis plusieurs années. Faudrait-il convoquer des états-majors de l'éducation avec la participation de toutes les parties concernées pour mettre à plat tous les problèmes qui se posent au secteur et sortir avec une charte de l'école algérienne où chacun trouvera sa place ? Il est dommage qu'un secteur aussi sensible qui a pour ambition de former les cadres et les élites de demain soit l'otage de politiques à courte vue que rien ne vient perturber. Ni les grèves récurrentes qui font partie du décor de l'école algérienne ni les résultats peu flatteurs enregistrés dans les différents paliers d'examen. Un bilan suffisant, dans d'autres pays, pour faire tomber le ministre du secteur, voire tout un gouvernement.