Lorsque de vieilles personnes et des enfants en bas âge se font écraser à quelques pas de leurs domiciles par de jeunes conducteurs conduisant à tombeau ouvert et fusant comme des bolides au moment où on les attend le moins, c'est que le danger est bel et bien transposé jusqu'au seuil de la population urbaine. C'est un secret de Polichinelle de dire que la majorité de ces polissons dignes des pilotes de Formule 1 ne sont pas détenteurs de papiers réglementaires et de couverture en assurance pour driver ces mécaniques tonitruantes. Et comme tout va de travers, ces « illustres » et irréductibles mauvais plaisantins s'en donnent à cœur joie et poussent un peu trop sur le champignon pour faire passer quelques frissons dans le dos de passants aussi abasourdis qu'épouvantés. Les automobilistes ne sont pas non plus au bout de leurs peines et doivent s'accommoder des situations dangereuses et des cascades fulgurantes dont seuls les cyclomotoristes en ont le secret. Cette race « indécrottable » de frimeurs en mal de sensation, qui, au mépris de la sécurité des citoyens, éprouvent un malin plaisir à surgir de nulle part et slalomer au péril de leurs vies entre les voitures et les piétons, fait la pluie et le beau temps sur les routes et les boulevards et indispose énormément les riverains en distillant d'incessants décibels assourdissants. Par conséquent, il faut convenir que la portée et l'envergure des campagnes des services de sécurité demeurent relativement en deçà des résultats escomptés, du moment que l'action en question ne s'inscrit pas dans la constance et la régularité. Or force est de constater que le phénomène de ces terrifiants engins ambulants prend des allures fort inquiétantes et constitue une source de drames sanglants que l'insouciance et le mépris humains a tendance à banaliser. Toujours est-il que la comptabilité macabre d'une dizaine d'adolescents qui ont payé de leurs vies leurs ébats juvéniles, alors que d'autres vivent cloués sur des chaises roulantes, lors de ces cinq dernières années, nous interpelle et se rappelle à notre bon souvenir. En tous les cas, la mémoire visuelle retiendra pour longtemps les collisions et les culbutes fatales qui ont ravi des mineurs à la fleur de l'âge. La problématique est si angoissante qu'elle nécessite une thérapie de choc. Alors !