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Un tramway nommé «désert»
Son chantier a généré un véritable chaos urbain
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2010

Qui ne connaît pas la fameuse pièce de Tennessee Williams, Un Tramway nommé désir (adaptée au cinéma par Elia Kazan en 1951, avec un Marlon Brando impérial dans le rôle de Stanley Kowalski).
En visitant le méga chantier du tramway d'Alger, l'on ne peut que faire le constat du peu de «désir» manifesté par les Algérois à l'endroit de ce moyen de transport pittoresque, eux qui se plaignent des désagréments sans fin générés par le chantier en priant ardemment pour que cela ne se transforme pas en un «remake» de l'interminable feuilleton du métro d'Alger.
Certes, «on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs», mais la patience des riverains semble avoir atteint ses limites, agacés qu'ils sont par les proportions d'un chantier qui a donné lieu, déplorent-ils, à un véritable «chaos urbain», et qui n'a de cesse de grignoter sur leur espace de vie depuis son lancement en 2007 jusqu'à transformer leur quotidien en enfer.
En tête des plaignants, les commerçants. On a pu ainsi constater de visu comment des rues entières traversées par le tramway sont devenues littéralement désertes après que la pose des rails du tram eut contraint des dizaines de commerces à baisser rideau. La circulation automobile s'en est trouvée fortement perturbée dans la foulée. Sans parler des incidences urbanistiques du projet.
La rue de Tripoli clochardisée
Nous avons suivi point par point le tracé du tramway qui s'étend de la rue des Fusillés (Ruisseau) à Bordj El Kiffan. Première image qui nous a frappés : l'état de dégradation de la rue de Tripoli. Cette avenue qui structure tout le quartier de Hussein-Dey est complètement défigurée.
«C'est une catastrophe ! Il n'y a rien à dire, c'est une catastrophe !» martèle, atterré, un jeune pharmacien ayant pignon sur rue au cœur de l'artère commerçante. Comme tous les riverains interrogés, il estime que le chantier signait la mort pure et simple de la rue de Tripoli.
La pharmacie est comme assiégée. De l'officine aux rails, il y a moins de deux mètres. Un grillage sépare les magasins et les habitations de la voie réservée au tram, ne laissant qu'une bande étroite pour les piétons. Sur la rive d'en face, une autre bande, un peu plus large, est laissée aux voitures, tandis que le trottoir se rétrécit comme une peau de chagrin. Le trafic automobile est sérieusement perturbé.
Le stationnement est la hantise des gens du quartier. Notre apothicaire reprend : «L'activité a chuté brutalement, nous avons perdu de la clientèle, et malgré cela, on continue à payer nos impôts.
Les commerçants ont essayé de sensibiliser le fisc sur l'impact négatif du chantier dans l'espoir d'être indemnisés, il n'en fut rien. D'ailleurs, pas mal de commerçants qui louaient sur l'avenue ont préféré ne pas renouveler leur bail» dit-il.
Certains soldent leurs produits à des prix choc à l'instar de ce vendeur de vêtements pour femmes proposant des prix discount allant jusqu'à 50% de réduction. Il faut dire que l'accès aux boutiques est fort laborieux. Tout au long de la rive droite du grand boulevard (dans le sens Hussein Dey-Belcourt), les immeubles et commerces longeant la rue sont cernés par le chantier.
Ainsi, un immeuble situé au 54, rue de Tripoli, se retrouve dans une situation délicate dans la mesure où sa cage d'escalier donne directement sur les rails. Une avocate tenant cabinet dans ledit immeuble confie : «Depuis que le chantier a démarré, l'accès au cabinet est devenu un enfer.
Le stationnement est une galère quotidienne. Au plus fort des travaux, on ne pouvait pas ouvrir la fenêtre tellement la poussière était omniprésente. Dès que je pénétrais dans le cabinet, je devais prendre le balai et un chiffon pour nettoyer. Quand je quitte mon bureau, il me faut rouler au pas pendant une demi-heure, au milieu d'un embouteillage monstre, avant de pouvoir rejoindre l'autoroute qui est pourtant juste à côté.
Et d'ajouter : «Même pour la pause-déjeuner, c'est un problème. Avant, je mangeais régulièrement dans une pizzeria à côté, maintenant, je n'y vais plus. J'ai peur que la bouffe ne soit contaminée par toute cette pollution.»
Un chantier ralenti par le Ramadhan
Pour sa part, un vendeur de produits électroménagers, relativisant à son tour la pertinence du projet, renchérit : «Ce chantier se passe de tout commentaire. Je n'en vois vraiment pas l'utilité, d'autant plus que le quartier de Hussein-Dey est très bien desservi question transport.
Nous avons déjà une gare ferroviaire, nous avons des bus, des taxis, je ne vois pas où réside l'utilité du tramway sachant que nos rues sont, comme vous le voyez, étroites. Le trottoir a été rétréci de moitié, la route carrossable est amputée. Des canalisations d'égouts ont été éventrées.
Et comme c'est un quartier très peuplé, je me demande comment va être gérée la circulation des voitures et même des personnes quand le tramway sera en marche. En tout cas, bonjour les accidents !»
Même topo à Mohammadia (El Harrach) où la ligne du tram se prolonge, avant de s'enfoncer dans les boyaux de Bab-Ezzouar. A l'avenue Bougara (Belle Vue), près de Belfort, les mêmes récriminations reviennent dans la bouche des riverains. «L'activité a sensiblement chuté.
Parfois, je fais à peine 400 DA de recette par jour, et malgré cela, les services des impôts continuent à nous accabler. Je me suis plaint en arguant une baisse d'activité, mais en vain» déclare le propriétaire d'un garage de mécanique auto collé au chantier du tramway. «Regardez les détritus qui s'amoncellent.
Les camions de ramassage des ordures ne pouvant plus pénétrer comme avant, la collecte des déchets est devenue très compliquée» poursuit-il. Tout au long de l'avenue de l'ALN, la chaussée est scindée en deux moyennant des blocs de béton. Depuis Le Caroubier, la route se contracte et la circulation automobile devient problématique. Les bus qui avaient coutume de faire escale à hauteur de Cinq-Maisons sont désemparés et davantage encore les usagers.
L'accès au cimetière de Belfort est rendu également difficile. «Il faut relever avec insistance la lenteur des travaux» souligne notre mécanicien auto. «Pourquoi ils ne mobilisent pas deux ou trois brigades de manière à accélérer la cadence ?» peste-t-il. Un ralentissement aggravé par les conditions d'un Ramadhan caniculaire particulièrement pénible.
Un jeune revêtant un gilet phosphorescent estampillé Alstom s'autorise un moment de répit à l'ombre d'un petit immeuble. «On fait ce qu'on peut durant le Ramadhan, les horaires de travail sont réaménagés. On travaille de 7h à 14h» dit-il, avant de lancer : «Si le chantier accuse du retard, honnêtement, ça ne peut que m'arranger. Ça me permettrait de conserver mon travail».
A l'issue d'une visite d'inspection, le ministre des Transports, Amar Tou, revenant justement sur les retards accusés par le projet (en raison, principalement, de l'épineux dossier des expropriations et aussi de la déviation des réseaux AEP et autres), déclarait en janvier dernier : «Je ne donne pas une date de mise en service, mais j'imagine que la réception du tramway se fera probablement vers la fin de l'année 2010» avant d'ajouter : «Nous souhaitons que la cadence actuelle des travaux se poursuive et que nous pourrions rattraper le retard engendré notamment par les procédures administratives relatives aux déviations des réseaux de gaz naturel, d'électricité, d'eau potable, d'assainissement et de téléphone» (Horizons du 10 janvier 2010)
Le spectre du métro d'Alger
Le tram se prolonge dans la cité des Bananiers avant de s'engouffrer dans le quartier de Bab Ezzouar. Des plaques jaunes annoncent de nouveaux travaux, avec leur lot de nuisances. Aux barrages de police qui n'en finissent pas comme l'insoutenable barrage des Bananiers, il faut compter donc avec les points noirs de ce chantier à ciel ouvert.
Sur l'avenue principale de la cité Rabia Tahar, même chaos organisé. Pour se garer, les automobilistes sont contraints de squatter les trottoirs au grand dam des piétons. Le même spectacle se reproduit à Sorecal et dans les profondeurs du quartier de Fort de L'Eau, point de chute de la «Ligne Est».
Une rame aux couleurs de l'ETUSA effectue des essais aux abords de la gare centrale du tramway (ateliers et dépôts). Aux alentours, des magasins entiers ont périclité. «J'avais moi-même un café-restaurant et j'ai dû mettre la clé sous le paillasson faute de clients» confie un désormais «ex» restaurateur qui habite en même temps à proximité du terminus du tram, au «Domaine Mimoun». «Le tramway est certes une bonne chose, mais si c'est pour subir tous ces désagréments pendant une éternité, ce n'est pas la peine !» maugrée-t-il.
La rue du 1er novembre, au cœur de Bordj El Kiffan, affiche la même désolation. Cette longue artère, qui était très animée avant, est totalement désertée par les chalands. Des magasins arborent la mention «A louer». Pour se frayer un chemin en voiture sur la bande étroite laissée par les rails, c'est quasiment mission impossible.
Des travaux de bitumage sont toutefois entamés sur certains tronçons. «Ils ont simulé des essais face caméra en présence du ministre, mais on attend toujours de le voir à l'œuvre, ce tramway» lance, un rien goguenard, un habitant du coin. Pourvu qu'il ne connaisse pas le sort du métro (l'Arlésienne par excellence des faubourgs d'Alger) soupirent les plus pessimistes…


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