Les commerçants sont inquiets quant au devenir de la rue Tripoli, alors que les riverains soulignent le manque de coordination dans les travaux annexes du tramway. Unanimes, les commerçants de la plus longue avenue d'Alger, la rue Tripoli à Hussein Dey, dénoncent l'arrachage programmé des arbres centenaires qui bordent, l'avenue de cette importante commune urbaine et populeuse du Grand-Alger. Destinée à servir de passage principal au futur tramway d'Alger en direction des lointaines banlieues de l'est de la capitale, Dergana, Bordj El Kiffan, Kahwet Chergui..., la rue Tripoli à Hussein Dey, jadis fleuron de la petite industrie de proximité, se meurt tristement. Les travaux de préparation pour la pose incessante des rails du «futur» tramway s'éternisent. Bien acceptés par certains riverains, ils le sont mal par d'autres. Ces derniers se plaignent de la lenteur des travaux, des nuisances qu'ils engendrent aux commerçants du quartier, entendez par là poussière, gravats, bruits, boue...et surtout du manque à gagner se plaignent-ils au vu d'une diminution drastique de la clientèle. D'aucuns s'élèvent contre la mauvaise, voire inexistante coordination entre les différents services concernés par le déplacement des différentes conduites (eau, gaz, électricité, téléphone..) pour laisser le passage au tramway. «On creuse par-ci, par-là pour faire passer l'eau, le gaz, l'électricité...on remblaie et on "reviendra" plus tard pour réaliser le branchement...» C'est là une réflexion commune à tous les commerçants installés le long de cette avenue qui se plaignent de ce manque de savoir-faire et du mépris dont ils font l'objet dans toute cette entreprise. Sollicité par L'Expression pour donner un avis, négatif ou positif, sur ce projet de tramway, un photographe renommé de la place se dit inquiet pour l'avenir de ce quartier qui «s'éteint». Une clientèle de plus en plus rare, les rues qui se vident dès 17h, des déménagements incessants, délocalisation d'entreprises, destruction de certains immeubles...autant de désagréments qui «affolent» quelque part ces braves négociants qui ont pignon sur rue depuis 1948 pour certains et après 1962 pour d'autres. Un fleuriste avait les larmes aux yeux avant d'admettre que c'est là «le tribut du modernisme qu'on paye». Quant à la rue des Fusillés, qui s'étire du quartier Lafarge au rond point des Anassers, semble en grande partie assainie après la destruction des gargotes et autres restaurants qui faisaient la réputation de ce quartier. Elle sert de tracé à une bonne partie du futur tramway qui suit le côté des abattoirs d'Alger près duquel cinq ou six restaurateurs subsistent encore malgré les «on-dit» colportés par de nombreuses gens. Sollicité pour donner son avis, le propriétaire de l'un de ces restaurants «rescapés», établissement classé et recommandé dans le guide touristique d'Alger, s'est dit «confiant» du moment qu'un accès à leurs établissements a été aménagé provisoirement en travers la voie ferrée du tramway. Les abattoirs, dit-il, sont toujours là et pour longtemps encore malgré un projet de délocalisation hors de la ville. L'achèvement d'une trémie mitoyenne et sa livraison dans les semaines à venir, induira une nette transformation du plan de circulation dans cet important carrefour où font jonction les communes de Hussein Dey, Kouba et Belouizdad. Elle reliera, en effet, directement l'avenue de l'ALN au chemin Fernane-Hanafi en longeant la cour d'Alger, flambant neuf. Ce chemin, communément (et tristement) appelé encore chemin Vauban, est appelé à devenir une grande avenue, débarrassée des constructions basses qui le bordent. Il deviendra ainsi une voie de circulation importante qui sera parallèle à la rue Tripoli dans le sens allant vers «Brossette». Pour sa part, la rue principale de Hussein Dey deviendra à sens unique allant dans le sens contraire, c'est-à-dire vers Alger-Centre et la place du 1er-Mai. Des plaques ont d'ailleurs été installées pour guider les automobilistes qui veulent se rendre à la rue de Tripoli. Sur le site même du chantier de la trémie, le responsable des travaux n'a pas voulu se prêter aux questions de notre journaliste sans autorisation préalable de la direction des transports de la wilaya d'Alger. Notre quotidien a sollicité plusieurs fois, sans succès, les responsables de la direction des transports de la wilaya d'Alger, pour en savoir plus sur les chantiers engagés à Alger, notamment la réalisation du tramway devant traverser la commune de Hussein Dey.