Près de 180 000 dossiers relatifs à des projets d'investissement dans le cadre du dispositif de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (ANSEJ) sont bloqués au niveau des banques », a révélé hier le ministre de la Petite et moyenne entreprise et de l'Artisanat, Mustapha Benbada. L'invité du forum du quotidien arabophone El Youm a indiqué que seulement 60 000 dossiers ont pu aboutir et se sont traduits par la création de PME. D'après lui, ces chiffres sont la preuve que les banques qui font partie des institutions qui doivent accompagner la transition économique ne jouent pas leur rôle. Mustapha Benbada affirme toutefois comprendre les réticences des banques, lesquelles sont échaudées par la question des créances non recouvrées dont le taux est plutôt « inquiétant », a-t-il souligné. Des mesures ont été mises en œuvre et d'autres sont envisagées pour y remédier, a-t-il indiqué encore. Et de citer la mise en place du Fonds de garantie des crédits aux PME (FGAR) qui a cautionné jusqu'à présent 70 projets d'investissement. Dans la même foulée, le ministre a rappelé la création de la Caisse de garantie des crédits à l'investissement des PME (CGCI) qui devrait être opérationnelle début 2006. L'orateur a signalé que le lancement de cet organisme butait sur l'obstacle relatif à la nomination du directeur général. Finalement, le choix, a dit le ministre, s'est porté sur l'actuel Pdg de la Banque du développement local (BDL), Amar Daoudi. Ce dernier est toujours, selon des sources bancaires, à la tête de la BDL. D'autres mécanismes sont prévus dans la loi de finances pour l'exercice 2006 pour faciliter le financement des PME, a observé le ministre. Il en est ainsi de la bonification des taux d'intérêt pour les crédits destinés aux opérations de mise à niveau, la suppression du versement forfaitaire et les dispositions introduites pour la lutte contre le marché informel et la fraude fiscale. Evoquant l'opération de l'assainissement de 300 entreprises publiques dont a fait état récemment le directeur général du Trésor public, Mustapha Benbada s'est dit opposé à cette initiative qu'il considère vraisemblablement comme inopportune. « 1200 milliards de dinars ont été déjà consacrés à l'assainissement des entreprises publiques. On aurait pu les utiliser pour la mise à niveau des entreprises viables ou le financement de nouveaux projets d'investissement. Je ne suis pas contre l'assainissement des entreprises dites stratégiques », a-t-il argumenté. Le ministre est revenu par ailleurs sur la communication qu'il a présentée au dernier conseil du gouvernement sur le secteur de la sous-traitance. Le gouvernement a décidé d'allouer en 2006 une enveloppe de 25 millions de dinars aux quatre bourses de sous-traitance qui existent actuellement et dont les caisses n'ont pas été renflouées depuis l'an 2000, a-t-il rapporté. M. Benbada a annoncé, en outre, que les budgets de fonctionnement et d'équipement ont enregistré des augmentations substantielles ces dernières années. Ce qui traduit l'importance que donne le gouvernement au secteur de la PME et de l'artisanat, a-t-il dit. « Le budget de fonctionnement qui était seulement de 80 millions de dinars en 2002 est passé à 911 millions de dinars pour 2006, alors que le budget d'équipement est de 8 milliards de dinars contre zéro en 2002 », a-t-on observé. Il a également rappelé que le gouvernement a décidé de mettre à la disposition des banques 100 milliards de dinars pour accorder des crédits à moyen et à long termes pour le financement des activités économiques. Un accord sera signé avec les banques pour déterminer la nature des projets éligibles à ces ressources financières et dont les critères seront établis par le Conseil national de l'investissement (CNI). Dans ce sillage, le représentant du gouvernement a fait savoir que le concours des banques pour le financement de l'investissement en 2004 a atteint les 1534 milliards de dinars dont 500 milliards pour les PME. Près de 43% de ce montant ont été octroyés au privé, a-t-il noté. Au cours de son intervention, le premier responsable du département de la PME et de l'artisanat a signalé que le parc des PME compte actuellement 329 338 entités au premier semestre 2005. Environ 236 727 entreprises (71%) sont issues du privé, 91 833 (27%) sont des artisans. Avec 778 PME (0,23%), le secteur public ne représente qu'une partie minime. Le nombre de PME créées en 2005 devrait atteindre les 20 000, a conclu le ministre de la PME et de l'Artisanat.