Pour une première à Constantine, la prestation explosive du King du raï, Khaled, dans la belle nuit fraîche de mardi, a arraché la ville du vieux Rocher de sa torpeur et surtout sa placidité devenue légendaire et qui s'est encore une fois exacerbée lors des veillés ramadhanesques de cette année. En effet, fidèle à lui-même, l'enfant terrible de «Wahrân» pour laquelle il a interprété deux chansons lors de ce concert, s'est montré d'une générosité infinie et sans pareille. La communion entre lui et son nouveau public fut tellement parfaite et magique que le concert durera deux fois le temps prévu. Un public surexcité et qui pardonnera très vite au King son retard d'une heure et demie sur le rendez-vous. Peut-on vraiment faire la moue à un roi ? Oh, que non ! Pour Khaled, il a fallu tout juste afficher son large sourire pour reconquérir rapidement le cœur de ses fans. Les jeunes se laisseront alors tout de suite aller en s'agitant dans tous les sens et ce dès la première note. En outre, le morceau El Arbi choisi en ouverture de cet événement exceptionnel sera naturellement accompagné d'une ovation du tonnerre, faite par les 10 000 spectateurs ayant assisté à ce concert. D'ailleurs, si le côté réservé aux jeunes, et on s'y attendait un peu, était noir de monde, celui laissé aux familles restera étonnamment vide ou presque. Une défection certainement due aux pluies qui se sont abattues sur la ville peu avant le concert, décourageant ainsi nombre de ceux qui voulaient se rendre au stade Chahid Hamlaoui. Les privilégiés de ce rendez-vous en ont eu par contre plein leurs yeux grâce à un Khaled unique et tonitruant. Fidèle à lui-même, le King ne cessait en effet de se déhancher sur scène, faisant parfois même des petites acrobaties, taquinant d'autres fois ses musiciens. Il s'en ira aussi pianoter avec une étonnante habilité quelques mélodies au synthétiseur et les spectateurs médusés n'en rataient pas une miette. Les ovations s'enchaîneront ainsi naturellement et continuellement au rythme des «péripéties» d'un King déchaîné. Ce dernier marquait aussi quelques haltes soudaines afin de s'adresser au public, lancer quelques blagues, taquiner les femmes et lancer un coucou à la sienne restée à Oran. Khaled est sans conteste une véritable bête de scène, donnant l'impression de ne jamais s'arrêter. Fan de malouf et de Fergani, il a toujours eu, a-t-il déclaré, des regrets de ne pas s'être produit avant ce jour à Constantine, et il venait de réaliser ce rêve devenu au fil des ans un fantasme. Sa joie était telle qu'il repassera en revue durant son concert les plus grands tubes de ses trente années de sa riche carrière artistique. Bakhta, El Baïda, Aïcha, Trig el Lici, Sahra… Et même des morceaux de son dernier album dont le célébrissime Liberté. Aux environs de 1h du matin, la pluie s'étant invitée au concert, Khaled écourtera sa dernière chanson Aïcha, remerciant son chaleureux public de mille baisers, faisant la promesse de revenir bientôt.