Après un mois marqué par une animation culturelle avec des hauts et des bas, le public de la ville du Vieux Rocher a été agréablement charmé par deux grandes stars de la chanson algérienne. Deux concerts évènements en l'espace de 24h, la ville n'en a jamais vu ni vécu. Des prestations que les mélomanes constantinois ont longtemps attendues après un mois marqué par une animation culturelle avec des hauts et des bas. Le passage du chantre de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet, lundi soir à Constantine, restera sans conteste l'un des moments culturels et artistiques mémorables et émouvants de l'histoire de la musique de l'antique Cirta. Depuis son service militaire passé entre 71 et 73, Aït Menguellat n'a jamais foulé le sol de Constantine, bien qu'il affirme garder de bons souvenirs de la ville où il a composé certains de ses poèmes. Et sur invitation du conseil des activités culturelle de la ville de Constantine qu'il reviendra à la cité des Ponts après 37 ans. Sur la scène de la salle du palais de la culture Malek Haddad, Aït Menguellet a été accueilli comme un roi. L'interminable et émouvante ovation auquel il aura droit à son entrée sur scène, lui révèlera fortement tout l'amour que pouvait lui porter les Constantinois. C'est d'ailleurs ému qu'il s'adressera au public pour le remercier de tant de témoignages d'amour et de respect, révélant qu'il allait interpréter des chansons dont les poèmes ont été écrits durant son long séjour à Constantine au début des années 1970. Malgré une chaleur suffocante, l'aération et la climatisation faisant cruellement défaut au niveau de la salle de spectacle du palais de la culture Malek Haddad, laquelle était pleine comme un oeuf, les fans ne se laisseront nullement décourager, en présence de cette légende vivante de la musique algérienne. Tous se sont délectés fiévreusement des mots, des notes, de la musique et des poèmes que Aït Menguellet chantait avec tendresse. Ceux qui ne pouvaient en saisir le sens en devinaient aisément la beauté, la sincérité et la profondeur. Lounis chante son amour pour la Kabylie, et l'amour, tout court. Il sera d'ailleurs accompagné dans sa prestation de ses deux fils, choisissant d'alterner entre douces ballades et chansons rythmées afin de ne pas rater l'occasion de festoyer avec le public. Ce dernier se laissera peu à peu à la danse, et sera emporté par les rythmes chatoyants que la bande à Lounis ne cessait d'animer. Notons enfin que l'un des moments forts de cette prestation sera sans nul doute la lecture d'un poème faite par Lounis sous les airs doux de flûte de son fils Djaâfar. Un pur moment de bonheur. Après deux heures d'un spectacle anthologique, le «sage poète» quittera humblement la scène laissant le public scander: «Imazighen, Imazighen». Face à sa fameuse « feuille blanche» notre poète ne manquera certainement pas, prochainement, d'inspiration. Le King toujours égal à lui même Pour une première à Constantine, la prestation explosive du King du Rai Khaled dans la belle nuit fraîche de mardi au stade Chahid Hamlaoui, a arraché la ville du vieux Rocher de sa torpeur et surtout sa placidité devenue légendaire et qui s'est encore une fois exacerbée lors des veillés ramadhanesques de cette année. Fidèle à lui-même, l'enfant terrible de «Wahrân» pour laquelle – Oran - il a interprété deux chansons lors de ce concert, s'est montré d'une générosité infinie et sans pareille. La communion entre lui et son nouveau public fut tellement parfaite et magique que le concert durera deux fois le temps prévu. Un public surexcité et qui pardonnera très vite au King son retard d'une heure et demi sur le rendez-vous. Peut-on vraiment faire la moue à un roi ? Oh que non. Pour Khaled, il a fallu tout juste afficher son large sourire pour reconquérir rapidement le cœur de ses fans. Les jeunes se laisseront alors tout de suite aller en s'agitant dans tous les sens et ce dès la première note. En outre, le morceau «El Arbi» choisi en ouverture de cet événement exceptionnel sera naturellement accompagné d'une ovation du tonnerre, faite par les 10 000 spectateurs ayant assisté à ce concert. D'ailleurs, si le côté réservé aux jeunes, et on s'y attendait un peu, était bondé de monde, celui laissé aux familles restera étonnamment vide ou presque. Une défection certainement due aux pluies qui se sont abattues sur la ville peu avant le concert. Les privilégiés de ce rendez-vous ont eu par contre plein leurs yeux, grâce à un Khaled unique et tonitruant, faisant parfois même des petites acrobaties, taquinant d'autres fois ses musiciens. Il s'en ira aussi pianoter avec une étonnante habilité quelques mélodies au synthétiseur et les spectateurs médusés n'en rataient pas une miette. Fan de malouf et de Fergani, il a toujours eu, a-t-il déclaré, des regrets de ne s'être pas produit avant ce jour à Constantine, et il venait de réaliser ce rêve devenu au fil des ans un fantasme. Sa joie était telle qu'il repassera en revue durant son concert les plus grands tubes de ses trentes années de sa riche carrière artistique. «Bakhta, El Baida, Aïcha, Trig el Lycée, Sahra…»Et même des morceaux de son dernier album dont le célébrissime «Liberté». Aux environs de 1h du matin, la pluie s'étant invité au concert, Khaled écourtera sa dernière chanson «Aïcha» remerciant son chaleureux public de mille baisers, faisant la promesse de revenir bientôt.