Mahmoud Chadi avait tout juste 15 ans et la tête pleine de rêves. Il aimait à dire, d'après ses camarades, qu'il serait un jour une star du football à l'instar de Achiou qu'il adulait plus que tout autre modèle du ballon rond. Le destin en a décidé autrement. Il a été fauché mercredi passé à 22h30 par un véhicule R21 qui fonçait à tombeau ouvert sur la RN 5, en amont du modeste logis familial, un habitat précaire qu'il partageait avec ses parents et ses huit frères et sœurs. D'après le témoignage de l'un de ses trois camarades présents à ses côtés en ce soir fatidique, Mahmoud se trouvait en bordure de route, à une centaine de mètres de la station service, au moment où il a été percuté. Selon cette même source d'informations, le choc aurait été d'une grande violence, au point que la malheureuse victime ait été projetée dans les airs avant de s'écraser sur un poteau qui s'est littéralement tordu sous le poids de l'adolescent, comme nous l'avions constaté de visu. « Il roulait à 140 km/h au minimum », a estimé ce dernier, mais bien évidemment, seule l'enquête de police pourrait déterminer la vitesse exacte du véhicule à l'instant précis où le jeune Mahmoud a été percuté. Il n'en demeure pas moins que l'excès de vitesse est à l'origine de cet accident, nous a-t-on précisé au niveau de la sûreté urbaine territorialement compétente. Rencontrée dans sa modeste demeure familiale, la maman de Mahmoud reste inconsolable une semaine après le terrible drame qui a endeuillé toute la famille. « C'est injuste, dit-elle dans un souffle, Mahmoud avait toute la vie devant lui. Pourquoi a-t-il fallu qu'un chauffard lui ôte la vie ? Pourquoi cette route qui a déjà tué n'est-elle pas protégée ? » Le teint exsangue à force de pleurer son enfant et la voix à peine audible, elle appelle sa fille Soumaya âgée aujourd'hui de 18 ans. Cette dernière nous dit qu'elle a été elle-même victime d'un accident de la circulation à une trentaine de mètres de l'endroit où son jeune frère a péri. « J'ai été sérieusement blessée au dos et au genoux gauche », nous avoue-t-elle avec une timidité incontrôlable malgré la présence des siens à ses côtés. Encouragée par l'une de ses sœurs et malgré un chagrin qui la submerge, Soumaya ajoute que, depuis l'accident dont elle a été victime à l'âge de 15 ans, des taches sombres sont apparues sur tout son corps. Certaines sont visibles sur ses bras qu'elle exhibe en signe de preuve. Elle pointe ensuite un doigt accusateur vers les autorités compétentes qui ne font rien, dit-elle, pour assurer la sécurité des riverains de cette route empruntée à toute heure de la journée et de la nuit par des automobilistes, dont certains ne respectent pas les panneaux qui limitent la vitesse sur ce tronçon en raison des habitations limitrophes et de la proximité d'un carrefour, trait d'union entre la cité Boussouf et la RN 5. C'est d'ailleurs pour porter un message à ces mêmes autorités que les jeunes du quartier et amis de Mahmoud ont investi et bloqué durant des heures cette voie à grande circulation qui relie la localité de Aïn Smara à la ville de Constantine.