Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a annoncé hier, en marge de la présentation de la stratégie financière de l'Etat pour la période 2005-2009, la signature d'un « aide-mémoire de coopération pour la croissance et le développement » entre l'Algérie et la France. La cérémonie de signature de cet accord de « sept pages soigneusement pesées et veillant à un équilibre des intérêts des deux pays » aura lieu aujourd'hui à Alger, à l'occasion de la seconde visite du ministre français de l'Economie et des Finances, Nicolas Sarkozy. Parallèlement à cet événement, Abdelatif Benachenhou a indiqué que la France a accordé à l'Algérie un crédit concessionnaire d'un montant d'un milliard d'euros. Evoquant le dossier de la reconversion de la dette, M. Benachenhou a mentionné que l'Algérie négocie actuellement avec ses partenaires italien et espagnol en vue de les convaincre de porter les taux de conversion de 10% à 30%. Pourquoi 30% ? M. Benachenhou a précisé que « ce n'est qu'à partir de ce taux qu'il est possible de réaliser de grands projets ». Et de préciser que 30% représentent l'équivalent de 800 millions de dollars environ. Il s'est montré optimiste quant à l'issue de ces négociations eu égard, a-t-il dit, à la bonne carte d'acheteur de l'Algérie. Dans la foulée, il ajoutera que l'Algérie ambitionne également de signer le même type d'accord que celui devant être conclu avec la France, l'Italie et l'Espagne. Au titre des rapports de l'Algérie avec les autres pays du monde, le ministre des Finances a indiqué que le gouvernement vient de négocier un prêt avec les Emirats arabes unis d'un montant de 400 millions de dollars et avec le taux avantageux de 2,5%. Ce prêt, a-t-il dit, est remboursable sur 12 ans. A la question de savoir si ces emprunts ne risquent pas d'alourdir la dette externe, il a indiqué qu'il n'y a aucun risque pour que cela arrive dans la mesure où l'Algérie, d'ici à l'horizon 2011, aura remboursé une partie appréciable de sa dette. Au titre du dossier des dettes, M. Benachenhou a rappelé, à l'occasion, que l'Algérie aura également à honorer une dette militaire. Profitant de sa longue rencontre avec les journalistes, M. Benachenhou a tenu à démentir l'information selon laquelle Exim-Bank allait financer l'achat de trois Boeing par la compagnie Air Algérie. A ce propos, il a déclaré que le renouvellement de la flotte de la compagnie publique s'effectuera par le truchement d'un financement local. Sollicité pour s'exprimer sur l'usage fait par l'Etat des réserves de changes, il a indiqué que la version, soutenue ici et là, voulant que « les réserves de changes aient une vocation de développement, est une chimère ». A ce propos, le ministre des Finances a tenu à préciser que « les réserves de changes appartiennent à des opérateurs (Sonatrach, entre autres) qui sont libres d'en faire l'usage qu'ils veulent ». Et d'ajouter : « Les 34, 2 milliards de dollars dont on parle sont déjà convertis en dinars et financent des opérations économiques de l'Etat ». Concernant l'argent du fonds de régulation des recettes, estimé à 525 milliards de dinars, il a mentionné que celui-ci prend en charge actuellement les déficits de l'Etat et les charges découlant des dépenses publiques. S'agissant du projet du gouvernement de lancer un plan d'appui à la consolidation de la croissance, il indiquera que celui-ci ne sera effectif que lorsque les pouvoirs publics seront assurés que l'argent qui sera débloqué, profitera aux entreprises et aux opérateurs algériens. A ces derniers, il a exigé toutefois de s'outiller suffisamment pour se montrer à la hauteur du travail qui leur est demandé. Car, dans le cas contraire, l'argent ira aux firmes étrangères. Dans la foulée de la présentation de la stratégie financière les dépenses de l'Etat, il a tenu à indiquer que les efforts déployés pour maîtriser les dépenses de l'Etat ne veut pas dire que rien ne se fera dans le domaine de l'investissement. Néanmoins, il insistera sur l'idée que tout effort déployé dans ce sens sera conditionné par la création de l'emploi et de la richesse. Cela, a-t-il dit, pour rompre avec l'image d'un pays consommateur.