Les interventions musclées des services de sécurité pour endiguer l'économie informelle ne semblent pas faire l'unanimité auprès des partenaires sociaux du gouvernement. L'épisode d'Arzew, où la tension est toujours palpable, a choqué plus qu'il n'a soulagé. D'autant plus qu'il y a eu mort d'homme. Ils considèrent, en effet, qu'il y a d'autres moyens plus appropriés pour combattre ce fléau sans en arriver à la répression. Ainsi, M. Badredine, secrétaire national chargé des affaires économiques à la centrale syndicale, estime que la manière forte n'est pas la meilleure façon de lutter contre le marché informel. Selon lui, les autorités doivent proposer une alternative à ces jeunes qui ont été poussés vers cette activité commerciale clandestine par des facteurs sociaux tel que le chômage. « Nous sommes pour l'application de la loi rigoureusement mais de manière sereine. Il faut trouver des solutions à ces pères de familles qui ne trouvent pas d'autres moyens pour subvenir à leurs besoins que de se lancer dans l'informel », a-t-il affirmé. « La relance économique pour la création d'emplois » devrait atténuer l'ampleur du marché parallèle, a-t-il préconisé. Pour lui, il faut distinguer entre « les petits commerçants et l'informel en gros ». Selon lui, il est plus judicieux de contrôler les importations qui approvisionnent le marché noir. « L'importante présence de Chinois est une ouverture légale sur l'informel », a-t-il souligné. Même son de cloche au niveau de la Confédération algérienne du patronat. Son président, Boualem M'rakech, fera remarquer d'emblée que son organisation n'a jamais visé les jeunes dans ses doléances portant éradication du marché informel. Selon lui, il faut lorgner plutôt du côté de ceux qui approvisionnent le marché, c'est-à-dire, selon ses propres termes, « tout ce qui se rapporte aux conteneurs ». Avant de poursuivre : « Il s'agit de tout ce qui rentre de manière illégale et qui piétine les règles les plus élémentaires de l'économie. L'informel est très large et a des formes multiples. » M. M'rakech est d'avis « à circonscrire toute cette masse de jeunes qui échappe aux règles en créant des pôles de commerce suivant les besoins et codifier cette pratique au niveau national ». Il estime aussi que la lutte contre le marché informel doit être globale et non des actions conjoncturelles telles que ces opérations policières qui se terminent mal en général. Pour ce faire, M. M'rakech juge impératif de faire en sorte à ce que « l'entreprise retrouve sa véritable vocation », à savoir la création d'emplois et de richesses. Un objectif qui ne peut être réalisé sans la mise en œuvre « d'un ensemble de moyens dans ce sens pour arriver à une croissance qui traduit un réel développement économique ». La Cap a plaidé dans un mémorandum sur la loi de finances pour 2006 que les dispositions décidées dans la cadre de la politique budgétaire de l'exercice 2006, et qui visent à lutter contre l'économie informelle à travers « des actions efficaces et coordonnées par les services en charge du contrôle et des mesures de sanctions pour enrayer puis résorber ces activités, doivent rester au stade de vœu pieux. Ces actions, relève-t-on du côté de cette organisation patronale, doivent s'inscrire dans la durée. L'éradication du marché parallèle est aussi l'une des revendications des commerçants qui ont toujours condamné ce qu'il considère comme étant une concurrence déloyale.