Scandale des prêtres pédophiles, tensions avec l'Eglise anglicane, critiques contre le conservatisme du Vatican… La visite du pape Benoît XVI au Royaume-Uni s'accompagne d'une série de polémiques aggravées par les récentes déclarations d'un cardinal allemand, Walter Kasper. Ce dernier a en effet qualifié la Grande-Bretagne de «pays du Tiers-Monde» précisant qu'«en Angleterre, un néo-athéisme agressif s'est répandu». De quoi marquer cette première visite officielle jamais rendue par un pape en Grande-Bretagne depuis le schisme anglican au XVIe siècle. Le Vatican, qui espère avec cette visite rapprocher catholiques et anglicans, a minimisé ces propos. Le cardinal Kasper, qui devait initialement participer à la visite papale, a même été privé de visite par le Vatican, officiellement «pour raison de santé». Messe payante Mais il en faudra plus pour provoquer l'enthousiasme des Britanniques, toujours majoritairement anglicans et qui, d'après un sondage publié mardi par The Times, seraient seulement 14% à se déclarer favorables à sa visite. Plus de la moitié des sondés, 57% d'entre eux, n'ont «pas d'opinion arrêtée», mais pensent qu'on ne devrait «pas dépenser l'argent des contribuables» pour le pape. Et 72% des personnes interrogées estiment que l'Eglise catholique est «intolérante». Accueilli à l'aéroport d'Edimbourg au son des cornemuses par le prince Philip, duc d'Edimbourg, le souverain pontife s'est ensuite rendu à Holyroodhouse, palais écossais de la reine Elizabeth II, chef de l'Eglise anglicane, âgée de 84 ans, soit un an de plus que le chef de l'Eglise catholique. La rencontre s'est déroulée dans un climat «amical, joyeux et cordial», a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Peu après, le souverain pontife, un tartan écossais sur les épaules, a défilé en «papamobile» dans les rues d'Edimbourg. Parmi une foule évaluée à 125 000 personnes par la police, quelques manifestants avaient pris place, dont un brandissant une pancarte appelant «à ne pas protéger les prêtres pédophiles». Parmi les opposants à la visite papale, une soixantaine de fidèles avaient été réunis à Edimbourg par le révérend Ian Paisley, figure historique du protestantisme radical en Irlande du Nord. Plusieurs dizaines de milliers de pèlerins ont gagné dans l'après-midi Glasgow, pour assister à une messe en plein air du souverain pontife. La journée de demain à Londres sera consacrée à des rencontres avec les autorités anglicanes pour accélérer le rapprochement entre les deux Eglises, près de cinq siècles après le schisme. Samedi matin, il présidera une veillée de prières à Hyde Park et célébrera dimanche à Birmingham une messe de béatification du cardinal John Henry Newman, anglican converti au catholicisme au XIXe siècle. Il en coûtera trente euros aux fidèles qui voudront participer à cette grand-messe, une «contribution financière» demandée par l'Eglise catholique locale afin d'apaiser la polémique sur le coût engendré par le déplacement, soit plus de… 20 millions d'euros.