Les chrétiens du monde entier ont célébré la fête la plus grave de leur calendrier. Le vendredi saint commémore la torture et la crucifixion de Jésus au Ier siècle ; c'est aussi une journée de forte fréquentation pour les lieux de pèlerinage. Le pape Benoît XVI a présidé le traditionnel chemin de croix au Colisée qui retrace le parcours du Christ avant sa mort. Hier soir, le pontife a été de nouveau dans la basilique Saint Pierre de Rome pour la veillée pascale. Avant la messe de Pâques d'aujourd'hui suivie de la bénédiction Urbi et Orbi (à Rome et au monde) place Saint Pierre. La fête de Pâques repose sur la croyance en la résurrection. Elle est la clé de voûte du dogme et c'est à ce titre que du vendredi saint à dimanche de Pâques, se multiplient liturgies et processions. Cette année, la fête subsiste dans toute sa vigueur millénaire, mais la ferveur n'empêchera pas les interrogations sur la capacité de l'église catholique à se reformer. Le scandale dû à a pédophilie de certains prêtres modifie nécessairement la donne même si le pape Benoît XVI n'a pas évoqué, jeudi, pour des lancements de célébrations pascales, l'affaire au sein du clergé qui ont fleuri en Allemagne, en Irlande et aux Etat Unis. Le pape lui même a dit que les tribunaux civils doivent faire leur travail et non plus seulement les instances ecclésiastiques qui naguère ont volontiers minimisé les affaires. L'église catholique s'est rabaissée en faisant comme si la pédophilie de certains de ses prêtres était une peccadille d'enfant de chœur, elle qui s'indignait, par ailleurs, si rageusement de la sexualité hors mariage, de l'homosexualité, de la contraception par voie chimique ou de la masturbation solidaire des adolescents ou encore de l'avortement. Cette contradiction est au cœur de la crise actuelle. C'est non seulement la contraception de la charité chrétienne qui est en jeu, mais aussi la crédibilité du magistère. Les choix du Vatican seront donc décisifs. Le pape a intérêt à accepter que la lumière soit faite sans complaisance. Mais l'affaire n'est pas sans péril car la parole de Benoît XVI sera forcément affaiblie s'il devait être prouvé que la puissante congrégation pour la doctrine de la foi qu'il préside de 1981 à 2005 a minimisé les signalements de pédophiles qui étaient portés à sa connaissance. La clarification aura toutefois un triple mérite : remettre l'église de Rome en conformité avec ses principes, réconcilier avec l'institution les catholiques meurtris par ces errements et apurer enfin un passé qui aussi glauque qu'il soit ne doit pas prendre le pas sur la sincérité et le dévouement des prêtres honnêtes. Comme on le voit, l'église catholique est partagée entre lumières de pâques et ténèbres sur les affaires.