Le président français, Nicolas Sarkozy, en pleine crise avec l'Europe sur la question des Roms et aux prises à Paris avec le scandale politique Woerth-Bettencourt, voit s'ouvrir une nouvelle semaine périlleuse, avec des grèves et manifestations contre sa réforme des retraites. Sur tous ces fronts, Nicolas Sarkozy reste inflexible. Jeudi à Bruxelles, il a défendu sa politique décriée d'expulsion des Roms, au prix d'un clash avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et d'une sèche mise au point de son alliée allemande Angela Merkel. A moins de deux ans de l'élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy estime que sa politique sécuritaire musclée est souhaitée par les Français, au risque d'être accusé de tentation populiste. «Il mise sur l'émotion négative – et donc positive pour lui – que suscitent ses interventions contre des minorités telles que les Roms. Tout le monde sait que les Roms ne sont pas les plus aimés en France comme dans d'autres pays», analysait hier l'un de ses opposants, le député européen Daniel Cohn-Bendit (Europe Ecologie) dans le quotidien Metro. A peine retombée la controverse liée aux propos de la commissaire Viviane Reding qui avait dressé un parallèle entre les renvois de Roms et les déportations de la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle polémique est née avec l'Allemagne. Berlin a vivement démenti des déclarations de Nicolas Sarkozy selon lesquelles la chancelière allemande Angela Merkel avait évoqué avec lui l'évacuation de camps de Roms en Allemagne, en marge du sommet européen de Bruxelles. Dans son bras de fer contre Bruxelles, Nicolas Sarkozy peut se sentir conforté par un sondage publié par le journal pro-gouvernemental le Figaro indiquant que 56% des Français désapprouvent les critiques de la Commission contre la France. Une cote de popularité en berne En revanche, l'opinion est majoritairement opposée à la réforme des retraites, dont le président français veut faire une «preuve» de son engagement à «changer la France». Le texte subira jeudi prochain un test majeur, avec de nouvelles manifestations qui risquent de drainer des centaines de milliers de personnes dans les rues du pays. Au lendemain d'une imposante mobilisation le 7 septembre, – plus d'un million de manifestants, selon la police, jusqu'à 2,7 millions selon le syndicat CGT – Nicolas Sarkozy avait refusé de toucher au cœur de sa réforme, le relèvement de 60 à 62 ans de l'âge minimal de départ à la retraite. La réforme, votée mercredi par l'Assemblée nationale, doit encore passer devant le Sénat à partir du 5 octobre. Le président français continue coûte que coûte à soutenir son ministre du Travail, Eric Woerth, chargé de cette réforme. Il est empêtré depuis des mois dans des soupçons de conflit d'intérêts, de financement politique illicite et de trafic d'influence dans une affaire tentaculaire le liant à Liliane Bettencourt, héritière des cosmétiques, L'Oréal. Dernière péripétie dans ce feuilleton politico-fiscal, le journal le Monde a accusé lundi l'Elysée d'avoir sollicité les services du contre-espionnage pour identifier, fin juillet, la source d'un de ses journalistes enquêtant sur cette affaire Woerth-Bettencourt. Fragilisé par cet embarrassant dossier, le gouvernement a tenté d'éteindre un nouvel incendie en démentant avec vigueur ces accusations qui ont déclenché un torrent de réactions indignées, de la gauche à l'extrême droite : «effondrement moral», «dévoiement», «affaire d'Etat»...