La pollution et l'extraction effrénée du sable menacent ce cours d'eau qui alimente 36 % de la population. Principale rivière de la wilaya de Tizi Ouzou, le Sébaou est dangereusement menacé par la pollution. Depuis quelques années, ce réceptacle des eaux du versant nord du Djurdura et de l'Akfadou qui alimente 36 % de la population est devenu, à certains endroits, un dépotoir à ciel ouvert. Les villages et les industries riverains y déversent sans gêne des eaux usées et des tonnes de détritus. En hiver, c'est la margine, un composant toxique résultant de la trituration des olives, qui souille ce pourvoyeur stratégique de la région en ressources hydriques. Résultat : La couche aquifère qui protège de la contamination la nappe phréatique agonise, engendrant des dégâts réels. Premier dommage collatéral : la direction de l'hydraulique s'est vue contrainte de fermer certains forages pour cause de pollution. Selon des spécialistes, seul un arrêt de l'exploitation sur plusieurs années est à même de permettre à la couche protectrice de l'oued de se régénérer. Cette atteinte à l'environnement et, par ricochet, à la santé du citoyen, conjuguée à l'extraction effrénée de sable, risque de porter le coup de grâce à ce cours d'eau menacé par l'assèchement, ont alerté les participants à la journée thématique sur l'hydraulique organisée par l'APW. Le Sebaou et ses affluents figurent sur la liste des oueds et tronçons d'oueds frappés d'interdiction d'extraction. Les 8 sablières activant au niveau de la wilaya ont été sommées de surseoir à l'extraction et la transformation du sable avant le 31 août 2009.Malgré cela, le pillage n'a jamais cessé provoquant d'énormes cratères. Selon des indications, le lit du Sébaou s'est enfoncé de près de 4 mètres en 20 ans et cela risque de continuer au rythme des extractions actuelles. L'extraction de sable menace sérieusement plusieurs forages de s'effondrer, a affirmé le directeur de l'hydraulique, alors que d'autres ont été emportés carrément par les crues. Des terrasses entières de terre agricole ont été en enlevées par des engins. «La totalité des gabions réalisés pour la protection des berges a été démantelée et l'élargissement du lit de l'oued prend de l'ampleur. Les agents chargés temporairement du contrôle des oueds ont établi et transmis à la justice (en référé) 13 actions pour 2009 et 8 actions au 30.Notre direction ne peut pas a elle seule faire face à ce phénomène», a admis M. Abbès. Pour les élus locaux présents à cette rencontre, c'est à l'administration d'appliquer la loi afin d'arrêter ce drame écologique. «Plusieurs arrêtés ont été pris dans ce sens depuis 1990 mais le pillage continue en toute impunité. Des engins chargés de sable circulent sur la route nationale et les pistes rurales», a relevé Dr Hadj Saïd élu à l'APW. M. Aoudj, de la même assemblée, a préconisé pour sa part la mise en place d'un observatoire où siégeraient des représentants du mouvement associatif et des agents de l'hydraulique. «Non seulement il n'y a pas de sable, mais, pire encore, il y a plus d'ordures que de sable dans cet oued !», tonne-t-il par ironie. Répondant aux questions des intervenants, le SG de la wilaya rappellera l'arrêté du wali interdisant l'extraction et l'exploitation du sable sur pratiquement l'ensemble des cours d'eau de la wilaya de Tizi-Ouzou, et principalement l'oued Sébaou. «Le gouvernement a émis un décret interdisant l'extraction de sable sur tout l'itinéraire de l'oued, jusqu'à Boumerdès. Au niveau local, nous avons pris une note obligeant les chefs de projets d'inclure dans les cahiers des charges l'interdiction d'utiliser le sable des oueds dans la construction». Mais sur le terrain, force est de constater que les textes n'ont pas eu l'effet escompté sur les pilleurs de sable. Pour preuve, des «carrières» clandestines foisonnent le long des oueds de la wilaya d'où sortent quotidiennement, de nuit comme de jour, des camions chargés de sable.