-Larbi Nouar, coordinateurdu Cnapest : Le «marasme» des travailleurs «Cette rentrée est la même comme chaque année, car les travailleurs subissent le même marasme surtout qu'ils ont eu à affronter trois grands évènements : le Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire qui exigeaient de fortes dépenses. Ils ont dépassé largement leurs revenus même si l'Etat a fait un effort en octroyant les 3000 DA de prime scolaire aux nécessiteux toutefois ceux qui travaillent sont toujours soumis à de fortes dépenses auxquelles ils ne peuvent pas faire face. Ils ont sacrifié l'économie de six mois pour pouvoir répondre aux différents besoins.» Sur le plan front social, «cela dépendra toujours de la satisfaction des revendications ou non. Des syndicats de l'éducation nationale et ceux de la santé pourraient bouger, car il n'y a pas de satisfaction des revendications et ils (les pouvoirs publics) n'arrivent pas à honorer leurs engagements.Tant que les problèmes subsistent, en absence de négociation et tant que les syndicats ne sont pas considérés comme partenaires sociaux, la grève restera l'ultime recours. A mon avis, des gens veulent utiliser les syndicats à des fins politiciennes». -Sadek D'ziri, président de l'Unpef : Une rentrée «difficile» «Cette rentrée sociale a été difficile surtout avec les trois événements : Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire. Les familles ont dépensé au moins 5000 DA à 6000 DA par élève scolarisé entre fournitures scolaires, livres, frais d'inscription et au mieux le tablier en plus pour un salaire variant entre 30 000 et 40 000 DA. Il faut savoir que la majorité des travailleurs algériens gagnent entre 15 et 30 000 DA par mois.Le pouvoir d'achat est très faible, on (l'Etat) augmente d'un dinar le salaire quand le pouvoir d'achat baisse de 2 DA. Il faudra un observatoire pour le suivi du pouvoir d'achat qui mettra en place des mécanismes pour le stabiliser. Enfin, s'agissant du front social, la grève n'est pas notre objectif mais un moyen de revendication. Une réunion aura lieu avec les différents bureaux et les wilayas entre aujourd'hui et demain (le 20 et 21 septembre 2010) pour l'évaluation de la situation. Dans le cas où le dialogue n'aboutira pas, nous convoquerons le conseil national qui décidera de la suite». Idir Achour, porte-parole du CLA Le plan de 25 élèves par classe a échoué» «Cette rentrée est comme les précédentes. Il existe deux volets : le pédagogique et le social. Du point de vue syndical, nous interpellons les parents d'élèves qui ne sont là que pour revendiquer la prime de 3 000 DA puis ils disparaissent durant toute l'année. Les emplois du temps sont chargé avec des classes de plus de 40 élèves. Les enseignants font des emplois du temps de plus de 18 heures, de 20 heures voire plus. Ceux sont des heures supplémentaires ! En attendant la réception de nouveaux établissements scolaires pour arriver à 25 élèves par classe, il faut dire que le plan du gouvernement a échoué et cet objectif est reporté aux calendres grecques. Pour ce qui est des nouveaux postes budgétaires, 5000 enseignements seulement sont recrutés pour les 48 wilayas et pour les trois paliers. En fait, il ne s'agit que de 20 postes d'enseignant par wilaya. C'est très peu ! La demande exprimée est de 25 000 enseignants pour combler le manque au niveau national, de 20 000 adjoints administratifs et surveillants ainsi que plus de 15 000 agents pour les corps communs donc un total de plus de 50 000 nouveaux postes à pourvoir. Actuellement, les personnels existants sont affectés aux nouveaux établissements scolaires». Pour les dépenses des ménages pour cette rentrée, «tant mieux si les parents dépensent la même somme pour les deux occasions : l'Aïd et la rentrée scolaire». Une dépense minimale de 15 000 DA par enfant entre habits, fournitures scolaires et frais d'inscription et 17 000 DA pour les classes d'examen, car les frais des examens sont plus chers. En somme, il faudra revoir l'indice des prix et le pouvoir d'achat ».Sur le plan front social, «la grève sera renouvelée encore une fois cette semaine si la celle déclenchée depuis déjà ne donne rien». -Meziane Meriane, président du Snapest : «Après la saignée du mois de Ramadhan, l'angoisse de la rentrée scolaire » «La rentrée sociale et scolaire 2010-2011 n'a pas dérogé à la règle établie depuis bien longtemps (…). Sur le terrain, le constat démontre qu'il y a une décroissance sociale terrible, l'inflation est toujours omniprésente pour laminer davantage le maigre pouvoir d'achat. Les élèves socialement défavorisés ont rejoint les bancs d'école traumatisés par la misère. Au lieu de réviser leurs leçons au courant de l'année, ils vendent de la galette. Donc, on a beau spéculer sur l'amélioration du niveau des élèves malheureusement il est indubitablement lié au niveau de vie de leur famille. Pour les professeurs, ils font face encore une fois à des classes chargées dans certaines wilayas avec un volume horaire qui dépasse la norme. Ajouter à cela les menaces du ministre contrairement à l'année passée où il appelait tous les syndicats au dialogue. Après la saignée du mois de Ramadhan est arrivée l'angoisse de la rentrée scolaire avec la flambée des prix des habits d'enfants, pas moins de 5000 DA, en moyenne, ont été dépensés par enfant et 5 000 autres pour les fournitures et livres scolaires, soit environ 10 000 DA. Pour une famille de cinq enfants scolarisés, la moyenne dans notre pays, cela donne une dépense de 50 000 DA avec un SNMG de 15 000 DA. Face à la paupérisation croissante et pour atténuer la fronde sociale, les pouvoirs publics ont créé la compensation des prix, qui est malheureusement mal maîtrisée. Elle n'arrive toujours pas aux véritables nécessiteux. A titre d'exemple, en 2007-2008, 10 milliards de dollars ont été consacrés à la compensation des prix qui n'est en fait qu'une mesure de gestion facile. C'est la croissance économique hors hydrocarbure qui est à même d'assurer une justice sociale et la stabilité de notre société. En absence de politique économique productive de richesses hors hydrocarbures, toute aide et toute augmentation sera absorbée par l'inflation, on peut dire sans se tromper qu'un certain pourcentage des dernières augmentations est déjà ingurgité par l'inflation. Le Snapest ne veut pas glisser dans la confusion et l'affaissement pour tomber dans l'apathie, le renoncement, nous sommes conscients des enjeux, nous sommes conscients des objectifs syndicaux à atteindre et à toute injustice de la part de l'administration publique nous répondrons par une action syndicale sur le terrain». -Lies Merabet, du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) : Rentrée scolaire, «c'était quasiment «infernal»» «Elle (la rentrée scolaire et sociale) s'est annoncée très difficile et s'est profilée avec des éléments aggravant qui approfondissent une crise sociale déjà installée : la rentrée des vacances d'été, le mois de Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire, qui sont des raisons supplémentaires concourant au déséquilibre d'un faible pouvoir d'achat. Une famille à revenu moyen de 30 000DA, composée de 5 membres dont 3 enfants scolarisés, a dépensé pas moins de 10 000 DA/enfant entre frais scolaires et vêtements. Ajouter à cela les dépenses obligatoires pour les loisirs durant les vacances d'été, le mois sacré du Ramadhan, les fêtes de l'Aïd, les différentes autres charges (mensualités tel que le loyer, la voiture acquise à crédit, l'électricité et gaz, le téléphone, etc.), et on se rend compte rapidement que c'est quasiment «infernal». Malheureusement, l'aide de l'Etat continue de profiter à des gens n'ouvrant pas droit légalement, mais qui se bousculent à chaque rentrée sociale pour s'inscrire sur la liste des nécessiteux et pouvoir ainsi bénéficier de la prime de scolarité, de la gratuité des livres scolaires et du couffin de Ramadhan. Ce système de soutien ou d'aide aux démunis est certes à préserver, mais il doit être renforcé par des mécanismes de gestion et de contrôle plus rigoureux à fin de limiter les abus et les détournements. L'amélioration et la protection du pouvoir d'achat sont un élément essentiel. Concernant le front social, le SNPSP n'a pas de calendrier préétabli pour des mouvements de protestation. Ce qui est évident, par contre, est que la situation socioprofessionnelle du praticien nécessite une prise en charge concrète et rapide à fin de lever les éléments de la crise sociale qui a fait l'événement de la rentrée 2009 – 2010 en débordant sur une protestation qui s'est prolongée plus de quatre mois. Une évaluation objective de la situation sera soumise au débat et c'est au sein des espaces organiques du syndicat que les décisions seront prises.»