Le continent africain est en train de connaître un décollage économique qui risque d'être durable et les entreprises européennes ont tout intérêt à y investir dès maintenant. Cette affirmation est l'œuvre d'un cabinet de conseil international Mc Kinsey qui vient de publier la semaine dernière une étude sur les nouvelles réalités du continent africain, intitulée «l'Heure des lions, l'Afrique à l'aube d'une croissance pérenne». Le cabinet met en exergue le fait que le PIB du continent est en évolution à raison de 4,9% par année, pendant la période 2000-2008. Ce «décollage économique» est «inscrit dans la durée et robuste», estime McKinsey&Company, en estimant que «cette accélération de la croissance de l'Afrique ne peut être portée au seul crédit du boom des ressources naturelles» qui est à l'origine de seulement un tiers de ce dynamisme. Plusieurs facteurs sont alors cités pour tenter d'expliquer cette relance économique notamment l'assainissement de l'économie africaine à travers la réduction des déficit et la privatisation, l'augmentation de la productivité du travail, la réduction du nombre de conflits armés et l'explosion de la demande pour les matières premières qui a apporté les devises dont le continent avait besoin. Par ailleurs, les investissements étrangers sont passés de 9 milliards de dollars en 2000 à 62 milliards de dollars en 2008, «presque aussi élevés qu'en Chine», relève l'étude. Celle-ci cite aussi les «évolutions sociales et démographiques, en particulier l'élargissement du marché du travail, l'urbanisation et l'émergence concomitante des classes moyennes». En 1980, 28% des Africains vivaient en ville. En 2030, la proportion passera à 50%. Toutefois, cette «transition n'est pas une garantie de croissance, mais un vivier de croissance», souligne M. Tazi-Riffi, l'un des auteurs de l'étude. Une aubaine pour les entreprises européennes Les experts du cabinet Mc Kinsey estiment que ce décollage va se poursuivre, car le sous-sol africain «regorge de richesses» dont ont besoin les pays émergents. Ils soulignent également qu'en 2008, «quelque 85 millions de ménages en Afrique ont gagné au moins 5000 dollars, seuil au-delà duquel ils commencent à consacrer plus de la moitié de leurs revenus à d'autres dépenses que la nourriture». Cependant, tous les pays ne connaîtront pas le même succès, tant leurs situations politiques, économiques et démographiques diffèrent. De même ce ne sont pas tous les secteurs d'activité qui seront concernés par ce décollage. Les biens et services de consommation (au premier rang, les télécommunications), les ressources naturelles et les infrastructures sont promis à un bel avenir ainsi que l'agriculture qui recèle un potentiel «énorme», puisque McKinsey estime que son chiffre d'affaires pourrait bondir de 280 milliards de dollars à 880 milliards en 2030. Mais pour bénéficier durablement du la croissance économique, le cabinet international indique que les décideurs africains doivent faire des efforts pour diversifier leurs sources de devises, réformer leur système agricole afin qu'il soit plus productif et mettre au point une politique de la ville susceptible de dompter l'urbanisation rapide, en multipliant notamment les programmes d'habitat social. Cela pourrait conférer au continent un atout important pour attirer les investisseurs étrangers. D'ailleurs, Mc Kinsey affirme à l'intention de ces derniers que «se positionner en Afrique dès maintenant est un impératif immédiat pour les entreprises françaises et européennes». Un dirigeant du bureau parisien de McKinsey, Matthieu Pélissié du Rausas, a estimé que «c'est dans les cinq années à venir que ça se joue», assurant que grâce à l'essor d'une classe moyenne, «les investissements en Afrique sont devenus rentables». Selon lui, «l'histoire des pays émergents montre que ceux qui ont été présents tôt ont tiré leur épingle du jeu».