Le marché algérien est "extrêmement attractif". C'est le constat qui ressort de la réunion du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN-patronat) lequel a souligné hier à Paris la nécessité de relancer la croissance économique et sociale africaine par des investissements massifs. En effet, le secrétaire général du CIAN, M. Stephen Decam, a souligné l'aspect "extrêmement attractif du marché algérien, très ouvert et fortement concurrentiel". A une question sur la "frilosité relative" des entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes internationales, M. Decam a assuré que le CIAN "a un engouement certain pour le marché algérien", estimant, toutefois, que ces opérateurs français gagneraient "à mieux connaître le dispositif réglementaire, le code des investissements, les réformes bancaires" pour s'impliquer davantage. "L'Etat algérien reste le plus gros investisseur et nous constatons que l'Algérie bouge concrètement", a-t-il ajouté, citant les multiples chantiers en cours de réalisation. Cette organisation estime, dans son rapport 2008 sur l'Afrique, que le Continent noir "redevient une terre d'opportunité" pour les investissements étrangers alors que les entreprises françaises sont restées "trop timorées" dans leur approche économique. Le rapport, qui analyse le continent africain pays par pays, présente ses grands équilibres macro-économiques, notant que le pays "attire de nouveau les investisseurs étrangers" et qu'"après avoir soldé la quasi-totalité de sa dette extérieure, il maintient le cap sur le plan économique". Il a souligné que ses "points forts" consistent aussi en l'existence "d'infrastructures aéroportuaires, télécommunications, droit au travail, sécurité, facteurs de production (eau, électricité) et transports (maritimes, routiers" qui facilitent l'environnement des affaires. A l'échelle continentale, "l'Afrique croule sous les ressources et a une chance extraordinaire pour relancer durablement sa croissance", a estimé le président délégué du CIAN, M. Anthonny Bouthelier, qui s'est dit "optimiste" quant à l'avenir économique et social du continent. "Nous disons oui pour des investissements massifs" en Afrique, a-t-il ajouté, notant que le continent a besoin "de développement durable et non de prédateurs". A ses yeux, la relance de la croissance africaine par l'investissement massif, créateur de richesses et d'emplois, permettrait, en outre, entre autres segments conséquents "de fixer localement les populations et ainsi contribuer à contenir les flux migratoires". Il a, toutefois, précisé que le CIAN "n'est pas une agence de développement qui participe à coups d'APD (Aide publique au développement)", ajoutant que l'organisation patronale "investit selon les marges (de rentabilité) et selon la qualité de l'environnement des affaires". "L'Afrique a des ressources, le problème est dans l'utilisation de ces ressources", a poursuivi le président délégué du CIAN, martelant que le flux des investissements dépendra du degré de "bonne gouvernance et de la lutte contre notamment la corruption". Le rapport 2008 du CIAN, citant notamment le décollage économique de l'Algérie, de l'Afrique du Sud, du Nigéria, relève que "la croissance s'envole, en moyenne de 5,7%, dans ces pays africains qui, "pris dans leur ensemble, ont enregistré, ces dernières années, une performance économique sans rapport avec les précédentes décennies". Le rapport note toutefois que "la croissance économique reste disparate, selon les pays, et insuffisante pour permettre au continent d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD)" visant à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. "Le continent reste également caractérisé par un manque d'infrastructures : avec presque un milliard d'habitants, soit 1/6 de la population mondiale, l'Afrique ne produit, par exemple, que 4% de l'électricité mondiale", note le rapport. Il fait cependant valoir que "les investissements directs étrangers (IDE) augmentent", ayant atteint "en 2006, le montant record de 36 milliards de dollars". Le rapport se réfère à l'édition 2007 de la Conférence des nations unies pour le développement (Cnuced) qui a mentionné un doublement des flux d'IDE vers l'Afrique. "L'Afrique s'est transformée en terre de prédilection" assure le P-DG d'AGS, un groupe spécialisé dans les prestations de services liées à la mobilité internationale. Mais il relève dans ce rapport que les entreprises françaises sont "devenues trop timorées" dans leur approche du continent africain. Selon lui, "l'attraction des nouveaux pays émergents (en Asie) a détourné l'attention des grands investisseurs français" et qu'il "y a une erreur de la France vis-à-vis de l'Afrique, notamment une mauvaise évaluation des grands mouvements qui touchent le continent où les opportunités pour des investissements massifs existent pourtant".