L'Afrique progresse économiquement, mais sa population ne tire pas toujours profit de cette croissance, en termes de revenus et d'emploi. C'est du moins ce qui ressort d'un rapport sur les progrès en Afrique publié à l'occasion du Forum économique mondial sur l'Afrique tenu la semaine dernière au Cap (Afrique du Sud). Lee document note que la reprise économique sur le continent est forte et l'on s'attend ainsi à une croissance de 5,5% sur en 2011 et 5,8% en 2012. Toutefois, le rapport prévient que la «qualité médiocre» de cette croissance menace sa pérennité et retarde les perspectives de développement en raison de plusieurs facteurs. D'abord, la croissance africaine dépend très largement de l'exportation de matières premières non transformées et les secteurs non liés à l'extraction, comme les industries manufacturières, sont encore extrêmement sous-développés dans la majorité des pays d'Afrique. Ensuite, le commerce entre pays africains reste trop limité (10% du volume total des échanges) pour motiver suffisamment la diversification des économies du continent. Enfin, le type de croissance actuel n'a qu'un impact restreint sur l'emploi et les salaires, et ne participe que faiblement à la réduction de la pauvreté et à la mise en place de services publics essentiels. Le rapport souligne que les partenariats peuvent tirer le meilleur parti des différents acteurs économiques et sociaux, de leurs compétences, ressources et expertise, et renforcer ainsi le développement économique et social du continent. A l'ouverture du Forum, le président sud-africain Jacob Zuma a déclaré que l'Afrique ne «doit plus être le continent qui produit des matières premières et les envoie au loin», estimant que les pays en développement doivent jouer un plus grand rôle dans les institutions internationales. Opportunités d'investissement Les économies africaines ont bien résisté à la tempête économique mondiale de 2008 et ont remarquablement rebondi depuis, une performance qui a paradoxalement mis en lumière la faible présence du continent sur les marchés financiers mondiaux, a remarqué Jennifer Blake, qui dirige le centre de compétitivité du Forum économique mondial. «Bien que ça les ait en quelque sorte protégées (de la crise) sur le court terme, ce sera un obstacle pour le développement économique dans le futur», a-t-elle lancé. La compétitivité «fera la différence et permettra de voir si la croissance de l'Afrique est durable ou pas», a déclaré l'économiste en chef pour l'Afrique de la Banque mondiale, Shantayanan Devarajan. Selon une enquête sur l'attractivité du continent publiée mardi par le cabinet d'analyse Ernst & Young, les investisseurs étrangers, en particulier ceux des pays émergents, voient pour l'Afrique «d'énormes opportunités de croissance» à long terme. L'étude précise que le nombre de nouveaux projets d'investissements directs étrangers en Afrique a augmenté de 87% en 7 ans, passant de 338 en 2003 à 633 en 2010, a précisé. Le continent africain attire en particulier de plus en plus d'investissements directs en provenance des pays émergents, souligne l'étude: ils sont passés de 100 nouveaux projets en 2003 à 240 en 2010 et «représentent désormais 38% du total des investissements en Afrique contre 30% en 2003». Selon l'enquête, réalisée auprès de dirigeants de multinationales, 74% des investisseurs originaires de pays émergents «affirment que l'Afrique est devenue une destination d'investissement plus attrayante au cours des trois dernières années».