Des familles usant de divers noms ont pu bénéficier de trois à quatre couffins de Ramadhan, selon une requête émanant du bureau de coordination des comités de quartiers de la commune de Médéa. Après la ferme dénonciation par des élus de l'APC de Médéa d'irrégularités ayant entaché, selon eux, l'opération de distribution du couffin de Ramadhan, voilà que d'autres voix s'élèvent au sein de la société civile pour crier au scandale, tout en appelant à ce que ce dossier soit pris en charge par les autorités concernées à travers l'ouverture d'une enquête. Ainsi, c'est le bureau de coordination des comités de quartiers de la commune de Médéa qui vient de dévoiler, à travers un document dont une copie nous a été transmise, quelques dysfonctionnements qui ont été relevés lors de l'opération de distribution des aides aux nécessiteux. Le document cite en substance : «Il n'a jamais été entamé une enquête sociale approfondie et crédible sur le nombre et le profil des nécessiteux dans tel ou tel quartier. L'enquête devait être entamée au moins un mois avant le mois de Ramadhan.» Des retards flagrants dans l'organisation de cette opération ont fait que le couffin de Ramadhan a été distribué dans le désordre et l'anticipation. «Environ 30% des couffins de Ramadhan n'ont pas été distribués jusqu'à ce jour et restent bloqués au niveau du siège de l'APC», nous a affirmé un membre du bureau de coordination en question. Le document mis entre nos mains, corrobore, d'ailleurs, cette affirmation. La requête précise que les motifs sont bien connus. Il s'agit de l'absence d'un fichier crédible qui représente la réalité statistique de l'effectif éligible à l'opération de distribution du couffin de Ramadhan, en ce sens qu'il a été noté une importante proportion de femmes bénéficiaires portant des noms de jeunes filles et qui n'ont pas pu être localisées au niveau de leur quartier. Beaucoup voient en cela comme un expédient administratif pour échapper à toute opération de contrôle et de vérification. Ce «jeu» sur les identités patronymiques a fait, note le même document, que «des familles usant de divers noms ont pu bénéficier de trois à quatre couffins de Ramadhan». Des couffins, ajoute notre source, ont été donnés à de tierces personnes qui les ont distribués à «l'aveuglette». A cause de l'élimination de plusieurs familles qui étaient dans le besoin, des associations ont, d'ailleurs, refusé carrément de prendre part à l'opération de distribution des aides. Dans le même sens, des cas de non- conformité ont été relevés sur le terrain. «J'ai moi-même déchiré trois bons d'aide qui étaient affectés à des gens d'un certain rang social, lorsqu'il s'est avéré que deux bénéficiaires étaient propriétaires de villas huppées de plusieurs étages. Le troisième bon était destiné à un «pseudo-bénéficiaire» qui s'apprêtait tout juste, au moment où on allait lui livrer le bon, à s'offrir une voiture d'une valeur dépassant les 75 millions de centimes !», nous a affirmé un représentant du bureau de coordination des comités de quartiers de la commune de Médéa. Aussi, le décor de bousculades constaté lors de cette opération d'aide aux alentours d'une institution qui symbolise, note la requête, l'autorité publique, «est plus qu'humiliant et avilissant pour l'APC et pour la dignité de la personne humaine». Des dépassements qui sont perçus comme étant liés à une pré-campagne électorale pour certains responsables qui veulent se donner une image de philanthropes, nous dit-on. Comme quoi la misère des uns devient un fonds de commerce pour d'autres.