C'est un ministre de l'Intérieur tout feu tout flamme qui a confirmé hier une menace «réelle». Ou supposée ? La France s'alarme. Les Français s'inquiètent. On se tient le ventre contre un ou des attentats terroristes qu'Al Qaîda s'apprêterait à commettre à Paris ; la ville des lumières. Un psychodrame alimenté par d'hypothétiques mises en garde adressées par un «pays ami» que le chef du contre espionnage français, Bernard Squarcini, habituellement peu disert, s'est chargé de «colorier» au rouge. Ce dernier a, en effet, fait une incursion dans les médias pour déclarer que les éléments en sa possession portent la menace à un «très haut niveau». «On ne sait pas quand et où l'attentat aura lieu, mais on sait qu'il aura lieu», s'est alarmé un autre responsable, sous le couvert de l'anonymat. Hier, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a amplifié un peu plus la psychose en déclarant que la menace terroriste est «réelle». Pis encore, une enquête est déjà ouverte sur la possibilité d'un attentat-suicide à Paris et que les services de renseignements évoquent «une menace imminente». «La menace est réelle, notre vigilance est renforcée», a déclaré hier le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, rappelant que le plan de sécurité Vigipirate restait activé au niveau rouge, dernier cran avant le niveau écarlate, déclenché en cas de risque d'attentat imminent. La France et les Français retiennent donc leur souffle. Les transports seraient les plus exposés à la menace selon la presse française citant le département de Brice Hortefeux. La tour Eiffel, ce haut lieu de tourisme en France, ainsi que la station de transport en commun Saint-Michel, à Paris, ont été d'ailleurs évacuées par la police, après des alertes à la bombe. Mais ce fut juste une fausse alerte. Dans un tel climat, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'attitude de l'administration de George Bush qui consiste à surdimensionner la menace pour, assez souvent, replacer le débat politique interne sur des question plus favorables à la majorité au pouvoir. Menace sérieuse ou manipulation ? Y a-t-il une menace sérieuse ou s'agit-il d'une simple manipulation du clan Sarkozy embourbé dans engrenage d'affaires en France et au sein de l'Union européenne ? La question mérite en tout cas d'être posée. La presse française, qui cite une source du ministère de l'Intérieur, souligne que l'inquiétude se fonde «sur la base d'un renseignement venu d'un pays ami avec lequel la France travaille très régulièrement», selon lequel Aqmi «ferait peser une menace imminente d'attentat sur le territoire national». Une autre source proche du ministère français de l'Intérieur, tranche même que le renseignement aurait été transmis par l'Algérie. Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour «vérifier» un renseignement sur une femme soupçonnée de vouloir mener un attentat-suicide dans la capitale. Deux réseaux djihadistes distincts, qui étaient dormants, repérés et disposant de moyens financiers en France, se seraient récemment réveillés, à la faveur de l'arrivée sur le territoire national de plusieurs islamistes radicaux, sans doute revenus de la zone pakistano-afghane, selon une source policière, qui a requis l'anonymat. C'est dire qu'on est dans une formidable mise en scène où tous les acteurs sont plus au moins connus, les lieux ciblés aussi. Ne manque que le fameux boom ! Ce scénario apocalyptique vient d'être conforté par la prise d'otages français au Niger attribué évidemment à Aqmi. Aussi, l'adoption, le 14 septembre, d'une loi interdisant le voile islamique intégral dans l'espace public, est convoquée opportunément pour soutenir la thèse d'une «menace imminente». Et pour planter le décor, on annonce que le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a fait l'objet depuis jeudi soir d'une protection rapprochée du Service de protection des hautes personnalités. A-t-il reçu une quelconque menace personnelle ? On n'en sait pas. Mais le message est limpide : en intégrant Dalil Boubakeur, le «délégué» aux affaires de l'islam et des musulmans de Sarkozy, la menace a plus de chance d'être prise au sérieux et le débat sur la sécurité plus crédible. Pour autant, il n'est pas faux de soutenir que la France est dans le collimateur des extrémistes de tout bord au moins depuis que le président Sarkozy a choisi d'arrimer son pays au front «atlantiste». A trop vouloir jouer le gendarme à «l'américaine», Sarkozy a installé inutilement la psychose dans son pays.