De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Les autorités françaises persistent et signent : le pays est sous une menace importante d'un attentat terroriste. Dimanche dernier, c'est le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, qui a estimé que la période en cours «justifiait une vigilance renforcée». Hier, lundi, c'est le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui a déclaré que «la menace terroriste est réelle et notre vigilance est donc aujourd'hui renforcée». Une source de son ministère aurait précisé qu'il s'agit d'«une menace dont on pouvait penser qu'elle visait les transports». Par des notes confidentielles des services de renseignement, révélées par le journal Le Monde, le gouvernement a été saisi depuis plusieurs jours, peu avant la prise d'otages au Niger, de l'accroissement des menaces terroristes contre la France. La Direction générale de la surveillance (DGSE) et la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) ont de concert évoqué une «focalisation anti-française» d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en précisant que «la menace terroriste pesant sur la France et ses intérêts à l'étranger s'est intensifiée ces dernières semaines». D'après ces services, c'est «pour venger la mort de terroristes lors de l'opération franco-mauritanienne du 22 juillet dernier que l'Aqmi se focalise sur la France». Selon ces mêmes services, rapporte Le Monde, «les représailles possibles contre la France viseraient les entreprises françaises ou les représentations diplomatiques dans le Sahel et le Maghreb, par des attentats à la voiture piégée, des opérations kamikazes ou des enlèvements. Mais elles pourraient aussi avoir pour cadre le territoire national». «Les inquiétudes françaises ont été récemment renforcées par des informations de la CIA signalant le voyage de militants islamistes du Maghreb vers l'Italie», ajoute le quotidien parisien du soir.La piste de kamikaze qui commettrait un attentat en France semble la plus crédible car les services secrets sont, depuis jeudi dernier, à la recherche d'«une femme, une terroriste susceptible de commettre» ce type d'attentat à Paris. Cette information rapportée par une station de radio précise que «deux informations concordantes sont arrivées dans la nuit de mercredi à jeudi au ministère de l'Intérieur en provenance d'un pays du Maghreb et d'un service français». D'autres sources précisent que l'information est venue d'Algérie et l'attentat viserait les transports. Comme la crédibilité des services algériens est reconnue en matière de lutte contre le terrorisme, c'est suffisant pour que le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire de police confiée à la DCRI et à la section antiterroriste de la Brigade criminelle afin de «vérifier la pertinence de ce renseignement». La crainte d'attentats est telle que le plan Vigipirate rouge a été renforcé au maximum, jusqu'à détacher une garde rapprochée auprès du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. C'est jeudi dernier que le ministre de l'Intérieur a «décidé de placer [sa] personne sous protection rapprochée». Depuis, Dalil Boubakeur est accompagné dans ses déplacements par une voiture avec deux policiers à bord. A sa demande, pour savoir s'il faisait l'objet d'une menace précise, le ministère de l'Intérieur lui aurait expliqué qu'il s'agissait d'«une mesure générale de protection des personnalités tenant au renforcement du plan Vigipirate». En haut lieu de la police française, on a dû certainement se rappeler que les attentats, qui avaient ensanglanté Paris en 1995, ont été précédés de l'assassinat de l'imam Sahraoui, responsable d'une mosquée parisienne. Cette année-là, Dalil Boubakeur avait fait l'objet d'une fatwa de la part d'islamistes qu'il avait «chassés de la Mosquée de Paris». Il a été sous protection policière jusqu'en 1997.