L'association culturelle El Ismailia de Bou Ismaïl qui donne l'impression de renaître de ses cendres, après une hibernation qui a duré depuis 1999 pour des raisons indépendantes de sa volonté, vient de rendre un hommage à deux illustres musiciens, artistes algériens, grâce au concours de l'Office national des droits d'auteur (ONDA). Il s'agit des maîtres Abdelwahab Salim, chef de l'orchestre symphonique national, et Boukhari Mogari, directeur de l'Institut national de musique (INM), décédés respectivement le 26 novembre 1999 et le 9 novembre 2004. Abdelwahab Salim est né à Aïn Beïda le 24 février 1931, de son vrai nom Abdelwahab Chabati. Il était un membre d'honneur de l'association El Ismailia. Depuis 1994, il n'avait jamais cessé d'encourager les élèves de cette association à persévérer dans leur apprentissage des cours de musique. Il était passé par toutes les étapes depuis le solfège pour apprendre la musique jusqu'à se servir des instruments musicaux. Dès son très jeune âge, il avait côtoyé les grands musiciens des années 1950, jusqu'à devenir une tête d'affiche. En 1956, il avait décidé d'arrêter de se produire sur les scènes pour servir la cause nationale. Après l'Indépendance, il poursuivait de nouveau ses études de solfège, tout en faisant partie des musiciens de la RTA. Il s'était engagé à continuer à faire des études et des recherches dans l'art musical, en particulier la musique classique algérienne et la musique andalouse. Il avait gravi tous les échelons avant de devenir le patron de l'orchestre symphonique national. Il avait eu l'honneur durant sa vie de répondre à l'appel des présidents de la République lorsqu'il s'agissait de les accompagner pour représenter l'Algérie dans le domaine musical, en l'occurrence Houari Boumediène et Chadli Bendjedid. Le président Zeroual lui avait remis le 1er prix de chef d'orchestre national, tandis que le président Bouteflika l'avait honoré à l'occasion de la Journée mondiale de la musique classique, quelques mois avant sa mort en 1999. C'est au niveau de l'amphithéâtre de l'Institut supérieur maritime de Bou Ismaïl que cet événement purement musical avait eu lieu, après la rupture du jeûne du 23e jour du mois de Ramadhan. La troupe musicale « senior » de l'association culturelle El Ismailia a interprété des morceaux de musique et de chant qui ont excité les jeunes de l'ex-Castiglione, présents parmi l'assistance mixte. L'ambiance était conviviale et familiale. Il n'en demeure pas moins que nombreuses sont les personnes qui n'ont pas caché leur joie après avoir assisté à la production musicale de la troupe locale. Par la suite, onze musiciens de l'orchestre symphonique national venus d'Alger pour participer à cet hommage, vêtus d'uniformes de scène et dirigés par le maestro Rachid Saouli, ont interprété le charpentier et un extrait d'une sérénade de Mozart, avant d'exécuter les compositions musicales conçues par le défunt Abdelwahab Salim, telles que Hoggar, Aurès et Wahrane. L'orchestre a conclu sa prestation par un arrangement musical de leur chef Rachid Saouli, de la chanson Ouahad El Ghoziyèl. Les bébés dans les bras de leur maman dormaient déjà. Un quatuor d'étudiants de l'INM d'Alger, avec leurs contrebasse, violon, trompette et guitare, s'est produit pour interpréter deux standards de la musique jazz et une valse, pour terminer avec la composition musicale de Yemma Azizane du défunt Boukhari Mogari. Ce fut ensuite au tour de la troupe musicale El Fen El Açil de Koléa d'accompagner les mélomanes jusqu'aux ultimes minutes de la soirée de mercredi dernier en interprétant une musique andalouse aux multiples rythmes, la nouba, l'insiraf, l'inkilabe et le m'khilass. Le chef d'orchestre, El Hadj Ben Ladjreb Brahim toujours égal à lui-même, en dépit d'une sonorisation défectueuse, avec son luth, avait dirigé sa troupe pour ne pas perturber les mélomanes plongés dans leurs rêves, de surcroît demeurés collés à leur chaise, et leur permettre de terminer en apothéose cette fête culturelle sous les douces notes musicales andalouses. Cette manifestation culturelle a été organisée par une modeste et sympathique association locale de Bou Ismaïl. Néanmoins, lors de cette soirée à laquelle des musiciens professionnels sont venus de loin pour contribuer à leur manière à l'hommage, à titre posthume, aux deux illustres « soldats » pour la promotion de la musique en Algérie, nous avons enregistré la présence du directeur de la culture qui avait été délégué par l'autorité de wilaya pour la représenter. Les autorités administratives locales et les élus de Bou Ismaïl ont brillé par leur absence. En revanche, certains représentant « opportunistes » des associations satellites du système qui s'attendaient à l'arrivée du wali, avaient rapidement disparu du décor quand ils se sont rendus compte que celui-ci n'allait pas assisté à cette veillée ramadhanesque particulière.