Depuis le début du 2e Festival culturel panafricain, les senteurs de l'Afrique étaient quasi absentes et ce, en raison du manque de partages et d'échanges culturels entre les peuples africains et algériens. Mais chaque règle a son exception, en effet, le concert qui a eu lieu samedi dernier à l'esplanade de Riadh El Feth a démontré le contraire. Sur scène s'est produite la troupe de danse traditionnelle Tabourian Akayazou du Burundi. Un groupe de jeunes danseurs qui se sont illustrés en danse et en chant sur des rythmes venus tout droit du XIXe siècle. En effet, les artistes dansaient avec des aîssak, une sorte de tambourins. Cette danse est née lors de la constitution d'un royaume uni dirigé par un seul roi, alors pour célébrer leur joie, les Burundais dansaient et chantaient avec les aîssak. Dès leur spectacle de 30 minutes terminé, les danseurs ont rejoint les coulisses, et dès ce moment-là, le show a commencé. C'est derrière la scène que l'échange, la générosité, le partage, la soif de donner à l'autre…etc. se sont concrétisés. Les Burundais étaient mêlés aux Algériens et dansaient sur la musique de Djamel Laroussi, chacun apprenait des pas de danse à l'autre dans la joie et la bonne humeur. Ce fut un moment inoubliable car on sentait enfin la présence de l'Afrique dans le cœur des gens. Après la soirée de samedi en compagnie de Djamel Laroussi, des chouioukh du raï et de la troupe de danse burundaise, place dimanche à Hasna el Bacharia, qui s'est illustrée sur la scène du théâtre de verdure de Riadh El Feth. Un monde fou était présent pour acclamer cette diva de la musique gnawi qui a marqué son temps avec sa chanson “ Dzaïr Jowhara” ou “ Djazaïr Zina”. La chanteuse est assise sur un tapis, à la main son guembri, accompagnée de ses musiciens à la basse, à la batterie et au karkabou. Une ambiance du tonnerre emplissait les gradins du théâtre, les jeunes amateurs de la musique sahraouie qui se comptaient par plus d'une centaine étaient complètement en transe, ils reprenaient en chœur les chansons de Hasna el Bacharia en gesticulant comme des possédés. Ce concert fini, une dizaine de minutes après, juste à côté, à l'esplanade de Riadh El Feth, c'est le grand Ismaïl Lo, qui a interprété ses plus grands succès et a emporté la foule dans un délire total : il a commencé a interpréter des chansons légères, muni de sa basse, il a fait un carton. En effet, des chansons très gaies et colorées venues tout droit des Îles qui transmettent la joie de vivre dans les cœurs. Mais à un moment magique et surprenant, Ismaïl Lo, a interprété une chanson en français qui parlait d'amour, un amour absolu qui éveille en chacun le romantisme par excellence, et qui fait renaître des sentiments forts, enfouis en chaque personne, qui transperce le cœur des amoureux. Tout de suite après, une autre interprétation aborde un sujet utopique, la paix dans le monde. Habillé en blanc, l'artiste illuminait la scène et a pu, le temps d'une soirée, propager la sérénité autour de lui, et à partir de ce moment là, une symbiose solennelle s'est créée avec le public. Il a, entre autres, chanté son pays, le Sénégal avec une vivacité qui a fait danser tout le monde sur les rythmes malax. Après le spectacle, l'artiste Ismaïl Lo a déclaré :“ avec la paix, on peut faire beaucoup, l'unité africaine compte énormément pour changer les choses. Même si les pays sont pauvres il faut qu'il y ait une solidarité entre les peuples. Ce Panaf est un évènement grandiose, qui devrait se perpétuer chaque année”. Ces deux derniers jours ont rassemblé des artistes de talent qui ont produit, grâce à leur passion pour la musique, des soirées de rêves qui resteront ancrées dans la tête des gens présents pour longtemps. Hana menasria