Face à la montée du courant populiste des républicains, communément appelé les « Tea Party», le président américain, Barack Obama, se montre mordant. Profitant d'une allocution hebdomadaire radiodiffusée, il a affirmé hier que le programme électoral des républicains était "usé jusqu'à la corde" et mènerait les Etats-Unis à une nouvelle "décennie désastreuse", à cinq semaines des cruciales élections législatives de la mi-mandat qui pourraitent changer le paysage politique aux Etats-Unis. Réagissant pour la première fois à la "Promesse pour l'Amérique" présentée jeudi par ses adversaires politiques, le président démocrate a assuré que nombre de leurs idées étaient semblables "aux mesures qui nous ont plongés dans la crise économique". Dans ce document, les républicains ont promis de mettre fin aux "impôts qui tuent l'emploi", de réduire les dépenses publiques, de mettre fin aux plans de sauvetage de l'économie et d'abroger la réforme de l'assurance-maladie adoptée il y a six mois. Mais selon Obama, ces mesures "prennent leur source dans la même philosophie usée jusqu'à la corde: réduire les impôts pour les millionnaires et les milliardaires, supprimer l'encadrement des règles pour Wall Street et les groupes d'intérêts, et laisser la classe moyenne se débrouiller toute seule". "Ce n'est pas une ordonnance pour un avenir meilleur. C'est un écho d'une décennie désastreuse que nous ne pouvons pas nous permettre de revivre", s'est exclamé M. Obama, qui en a profité, comme à quasiment chacun de ses discours de politique intérieure depuis des semaines, pour dénoncer une obstruction des républicains au Congrès. Ces derniers sont minoritaires tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat, mais ils sont suffisamment nombreux dans cette dernière assemblée pour bloquer l'adoption des réformes voulues par M. Obama. Ils ne s'en sont pas privés à l'approche des législatives du 2 novembre dont ils escomptent des gains substantiels, alors que les démocrates et M. Obama souffrent dans les sondages, victimes d'un bilan économique peu flatteur avec en particulier un taux de chômage de 9,6% proche des plus hauts niveaux historiques. La réaction des adversaires politiques d'Obama ne s'est pas faite attendre. Kevin McCarthy, élu républicain à la Chambre des représentants, a souligné hier que le mécontentement de l'électorat à l'égard de la politique actuelle était criant. "Résultat des politiques économiquement désastreuses de l'actuelle administration, des millions d'Américains sont aujourd'hui sans emploi, et nos enfants se retrouveront avec un déficit et une dette qui, par définition, échappent à tout contrôle", a-t-il dit dans sa réplique à l'allocution présidentielle. "Du plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars au plan de soutien de l'économie qui a échoué en passant par la nationalisation du système de santé, vous avez crié 'assez !' mais la majorité démocrate à Washington a refusé de vous écouter", a-t-il ajouté. Le scrutin du 2 novembre va dessiner les contours de la seconde moitié du mandat d'Obama à la Maison Blanche : la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants et 37 des 100 sièges du Sénat seront remis en jeu lors de ces élections intermédiaires. Les démocrates, qui contrôlent actuellement les deux chambres du Congrès, risquent de se retrouver en minorité au sortir des élections.Tenant son nom d'une révolte politique contre les Britanniques en 1773, à cause de la taxation du thé, la «tea party» voit en Barack Obama un dangereux «communiste» anti-américain qui serait même sensible à la pensée nazie.