Les adversaires républicains de Barack Obama se sont emparés facilement, mardi dernier, de la majorité à la Chambre des représentants, signant ainsi les premières désillusions politiques depuis le raz-de-marée de 2008. Les résultats ont confirmé ce que prédisaient les sondages depuis plusieurs semaines : une sérieuse déroute politique pour les Démocrates qui ont toutefois réussi à garder le contrôle du Sénat. Les Républicains ont remporté une victoire historique, arrachant au moins une soixantaine de sièges à la Chambre, soit largement plus que les 39 sièges dont ils avaient besoin pour assurer la majorité. Les Républicains, qui se sont constamment opposés au programme de réforme d'Obama ces deux dernières années, vont ainsi le contraindre à compter avec eux. Les dossiers de l'énergie, les changements climatiques, l'immigration ou encore l'éducation devraient être sérieusement mis en difficulté. «Nous espérons que le président Obama va désormais respecter la volonté du peuple, changer de cap et s'engager à faire les changements que les Américains demandent», a déclaré le Républicain John Boehner qui devrait succéder à la Démocrate Nancy Pelosi, personnalité marquante du clan Obama. La Maison-Blanche a réagi au revers en affirmant que Obama souhaitait trouver un «terrain d'entente» avec les chefs républicains. Au Sénat, les Républicains qui devaient emporter 10 sièges pour arracher la majorité aux Démocrates ont échoué. Les victoires décisives remportées par les Démocrates en Virginie occidentale, en Californie et surtout dans le Nevada ont changé la donne. Les résultats des «mid-term» révèlent ainsi une poussée à droite de l'électorat, notamment au sein même du Parti républicain. Au moins deux candidats issus de la mouvance ultraconservatrice, le fameux «Tea Party», vont faire leur entrée au Sénat. Obama semble avoir eu du mal à mobiliser les catégories qui lui avaient donné la victoire en 2008 : Noirs, jeunes, femmes et Latinos. Le Président va devoir à la fois répondre aux inquiétudes des Américains sur l'économie et composer avec les Républicains s'il veut espérer être présent pour 2012. Avec la perte de la Chambre des représentants et une majorité entamée au Sénat pour les Démocrates, la saison électorale de 2010 semble signer la fin d'une période particulière. Il y a deux ans, le triomphe enregistré par Obama et ses alliés sur une promesse de changement déferlait sur toute l'Amérique. Face à des adversaires désormais solidement établis au Congrès, Obama va avoir tous les malheurs du monde à légiférer sur une réforme de l'immigration ou contre le réchauffement climatique. Même son ambitieuse réforme de l'assurance-maladie, à laquelle les Républicains ont promis de couper les fonds, semble en péril. M. B.