Le régime marocain réprime. Le peuple sahraoui résiste. Les défenseurs des droits de l'homme et les ONG internationales témoignent de ce match diplomatiquement truqué, sous l'œil bienveillant des puissants du Conseil de sécurité. C'est pour briser ce cycle infernal et dire au monde que le peuple sahraoui ne pourra pas attendre indéfiniment les bras croisés face à la terrible répression à laquelle il fait face, que des personnalités venues des quatre coins du monde ont joint leur voix pour crier le droit à la résistance.Un thème générique autour duquel s'est ouverte, hier, une conférence internationale consacrée exclusivement au Sahara occidental ; le seul pays en Afrique encore sous domination coloniale. Et pour une telle messe, il y avait hier du beau monde. Près d'une trentaine de représentants des comités de soutien de France, d'Italie, d'Espagne, d'Inde, de Mauritanie, de Russie, du Mexique, du Chili, de Hongrie, d'Autriche, du Nigeria, du Japon, de Suède, du Timor Est et de l'Afrique du Sud se sont donné rendez- vous à Alger pour donner de la voix au peuple sahraoui. Il y avait également des militants des droits de l'homme, des délégués de la résistance palestinienne et ceux du Nicaragua ainsi que des universitaires venus du Liban et même des Etats-Unis ! Toutes ces personnes aux langues différentes, ont tenu hier le même langage : dénonciation nette et ferme du colonialisme marocain et sa répression contre le peuple sahraoui.Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a donné le ton en dressant un réquisitoire contre l'occupant marocain. «Le régime royal au Maroc joue toutes les cartes pour cacher sa véritable image en tant que force d'occupation répressive et inique pratiquant toute forme d'imposture et de tromperie», devait-il asséner. Abdelkader Taleb Omar s'est fait un devoir de détruire l'argument marocain qui consiste à dire que l'indépendance du Sahara occidental est synonyme d'instabilité dans la région. «Un Etat sahraoui libre est un gage de stabilité et de la sécurité pour toute la région contrairement à la propagande marocaine. C'est pourquoi, nous disons qu'il n'y a pas d'alternative à l'autodétermination, et nous allons poursuivre le combat !» assène-t-il, le ton ferme. (tonnerre d'applaudissements). Témoignages A ceux qui doutent encore de la répression marocaine, le Premier ministre révèle que plus de 500 personnes enlevées sont portées disparues alors que 151 prisonniers de guerre croupissent dans les prisons coupables «d'être restés fidèles à la cause de leur peuple». Après cet état des lieux qui a ému l'assistance, les représentants de nombreux pays se sont relayés à la tribune pour porter la voix et tracer la voie au peuple sahraoui. La «résistance» par tous les moyens aura été le maître mot des délégués qui ont dénoncé crûment l'occupation et la répression marocaines. La conférence a rapidement pris l'allure d'un véritable procès international et public contre l'occupant. La délégation sahraouie, forte de soixante-dix résistants des territoires occupés, n'a pas caché sa satisfaction d'entendre ces nombreuses marques de soutien et de solidarité, entrecoupées par de chaudes ovations.Le représentant des Etats-Unis a mis les pieds dans le plat en accusant les grandes puissances, notamment son propre pays, de saboter l'autodétermination du peuple sahraoui. «On empêche les Nations unies de mettre fin à ce conflit !», tonne-t-il. Le représentant de l'Inde ira jusqu'à comparer le Maroc à Israël ! Mais l'intervention de l'ancien chef de la direction du personnel militaire (CMPO) de la Minurso en 2004, le général Esegbuyota Okiti, aura incontestablement ravi la vedette. «J'ai été témoin à Laâyoune de la démolition de maisons de Sahraouis. Cela m'a rappelé le regroupement forcé de la population noire par le régime de l'apartheid des années 1950», a-t-il dit à ce propos. «Les Sahraouis ont protesté et leurs protestations ont été accueillies avec une opposition rigide. Ils ont été battus et des bulldozers ont été utilisés pour démolir leurs maisons», a-t-il lancé. Et d'ajouter que «certains Sahraouis ont été même battus d'une manière inhumaine. Nous ne pouvions rien faire, étant donné que notre mandat n'inclut pas la surveillance des violations des droits de l'homme». Un témoignage d'un ex- missionnaire de l'ONU qui sera appuyé aujourd'hui par ceux qui ont subi l'ineffable.