«J'ai été agréablement surprise, d'abord par le choix porté sur notre théâtre, parmi l'ensemble des théâtres des pays arabes nord-africains, pour inaugurer le Festival international Trames d'auteurs, ensuite pour avoir joué dans l'un des plus mythiques théâtres du monde, le Piccolo en l'occurrence. C'est assez symbolique et c'est un honneur pour le théâtre de Skikda et à travers lui l'ensemble du mouvement théâtral national». C'est en ces termes que Sonia, directrice du théâtre régional de Skikda, a tenu à revenir sur la dernière présentation de la pièce Silhouette de l'ombre donné dans le cadre du Festival international à Milan, organisé par le Centre national de dramaturgie contemporaine (OUTIS). Pour revenir à l'invitation faite au théâtre de Skikda, Sonia explique que le choix porté sur ce théâtre est dû en fait à d'anciens contacts «J'ai déjà joué en tant que comédienne à Milan, en 2000, avec la pièce Journal d'une femme insomniaque. OUTIS, en pensant à réserver l'édition du festival 2010 aux pays arabes de la Méditerranée, a contacté ses relais italiens pour choisir un théâtre algérien et c'est ainsi qu'on m'a contactée pour prendre part à cette manifestation. On devait jouer Devant les murs de la ville, l'une de nos meilleures productions, mais l'esprit du Festival de Milan privilégiait des pièces d'auteurs arabes. C'est ainsi que notre choix s'est porté sur notre dernière production Silhouette de l'ombre, de Salim Souhali » Etait-ce le bon choix ? Sonia répond sans équivoque : « le texte de Souhali a fait merveille, croyez- moi. La première présentation donnée dans le fief même du Piccolo théatro, devant une salle archicomble, a été très applaudie. Il est vrai que le texte traduit en italien a permis aux spectateurs de suivre la genèse de la pièce et surtout d'apprécier, à leur juste valeur, les mots de Souhali. Nous avons eu plusieurs témoignages de reconnaissance et c'était là une grande fierté » Globalement, Sonia estime qu'en plus de la force du texte, la distribution exclusivement féminine de la pièce a également été une occasion pour donner une autre image de l'Algérie. «C'est là une preuve que le théâtre algérien est capable de s'exporter» Il faut rappeler que la pièce jouée par le théâtre de Skikda a très bien été accueillie et très commentée par la presse spécialisée milanaise. Au lendemain des deux présentations, les critiques de théâtre spécialisés ont été, à la lecture de leur compte-rendu, agréablement surpris par la portée de la pièce. Dans l'édition électronique de Théatro Milano, la critique Maddalena Peluso écrit « Il n'est pas facile de s'immerger dans une culture si différente de la nôtre, celle de femmes condamnées à «avoir un homme dans la tête depuis la naissance» » note t-elle, par rapport à l'esprit même de la pièce de Souhali qui évoque d'une façon courageuse la condition féminine dans notre société. La critique poursuit « le texte de Salim Souhali émeut et s'envole aussi grâce à de bonnes comédiennes, enveloppées en noir et draps funèbres, choeurs tragiques de leur condition. Le texte comme un fleuve en crue a emporté le public qui ne s'est nullement lassé de suivre, par la lecture, le texte traduit. Le spectacle vaut la vision absolument, vu la force de ses messages »