L'âme du Mouvement théâtral de Koléa (MTK), Youcef Taouint a clôturé la 15e édition des Journées théâtrales El Fordja, par la présentation de son nouveau produit intitulé Zaïm ennach, une appellation pure du «bled» qui signifie celui qui se prend pour «un roi des fourberies». L 'amphithéâtre de l'ENI (Ecole nationale des impôts) de Koléa aura eu au moins le mérite d'avoir abrité pratiquement toutes les éditions de cette manifestation du 4e art qui, de surcroît, attire de plus en plus de monde. La prochaine édition aura donc lieu au niveau de la superbe maison de la culture de cette ville millénaire, qui ne cesse d'étonner par le développement et la préservation des patrimoines culturels nationaux. Youcef Taouint arrive toujours à décortiquer, à analyser et à mettre à jour soigneusement le quotidien de la société algérienne, dans son comportement, son geste, son langage, y compris dans son évolution, pour nous les dévoiler à travers une pièce de théâtre. Il distribue les sobriquets pour ses personnages afin que chaque spectateur puisse se reconnaître dans le récit de la pièce de théâtre. Sobre et modeste, Youcef Taouint ne laisse aucun public indifférent à l'issue d'une production de son MTK. Les distinctions obtenues à l'occasion de la participation du MTK, aux différentes manifestations théâtrales qui se déroulent à travers le territoire national et à l'étranger, prouvent la qualité et la morale de toutes ses œuvres. Un hommage a été rendu au dramaturge algérien, Abdelkader Alloula, lâchement assassiné le 10 mars 1994 par les hordes criminelles et obscurantistes, à l'occasion de cette 15e édition. Mme Radja Alloula, présente à Koléa, durant toute la durée de cette manifestation, n'a pas dissimulé d'abord son émotion et ensuite à afficher son admiration pour le travail fourni par le MTK, dans le cadre du développement du 4e art d'une part, et d'autre part, pour les familles de Koléa qui l'avaient prise en charge chez elles. Mme Radja Alloula nous a avoué qu'elle était dans son élément pendant son séjour à Koléa, heureuse de se retrouver en leur sein, «pourtant, j'ai été bien malmenée par ces familles de l'Algérie profonde», nous lance-t-elle avec ironie. A l'issue de cette 15e édition, Mme Alloula nous a déclaré : «Je me réjouis des capacités de cette jeunesse talentueuse, ses grandes potentialités et son intelligence pour mener la barque à bon port, dit-elle, mais vous êtes-vous rendus compte du monde qui venait en ces moments nocturnes tardifs à chaque spectacle, durant cette édition, d'autant plus qu'il y avait beaucoup de familles et surtout des jeunes, juste pour assister et encourager les artistes dans leurs représentations. Ce sont des images qu'on ne voit pas souvent dans les grandes villes, mais elles signifient qu'un travail se réalise au niveau de la base. Le MTK donne l'exemple», souligne-t-elle. Le trio Khoudja-Foudi-Litibe géraient merveilleusement bien la barre technique du spectacle, alors que d'autres élèves étaient chargés de l'organisation et du protocole de cette édition. Comme à l'accoutumée, avec des moyens dérisoires et un SMIG de comédiens, Youcef Taouint nous plonge dans un univers qui nous est familier pour secouer les consciences et surtout réveiller les esprits de cette jeunesse qui croit «au virtuel». Chants, musiques et danses en vogue d'une part, et d'autre part, des passages humoristiques, tels sont les axes sur lesquels Youcef Taouint fait articuler son œuvre théâtrale, une stratégie à lui pour tenir en haleine l'assistance excessivement nombreuse. Le public suit religieusement les péripéties de la pièce théâtrale. Le président de l'association MTK s'est entouré par des bandes de jeunes loups pour épargner sa machine des «grincements». Tous les élèves, filles et garçons, respectent le maître de cette école algérienne de théâtre. Les comédiens sont des universitaires aujourd'hui. Ils baignent dans cet environnement théâtral depuis leur enfance. Les comédiens du TNA et des associations culturelles venues des wilayas de Mostaganem, d'Alger, Boumerdès, Blida, Tipasa ont répondu à l'appel pour se relayer du 22 jusqu'au 27 de ce mois de septembre, afin de se produire sur les planches de l'amphithéâtre de l'ENI, devant un public connaisseur de Koléa. Une projection de quelques minutes a fait découvrir à l'assistance, Alloula Abdelkader dans ses œuvres... Souvenirs, souvenirs. «C'est pour cela qu'ils l'ont assassiné, nous murmure un jeune, il parlait juste», conclut-il.